De retour d'un Tech Day chez BMW, d'où j'ai ramené beaucoup d'infos, j'ai pris connaissance en France de la publication des résultats de la Commission Royal. La commission technique indépendante mise en place par Ségolène Royal à l'automne après l'affaire Volkswagen a livré son verdict. Elle a analysé 86 voitures diesel (elle était censée en faire 100), en l'espace de 8 mois. Et que dit-elle ? Que des dépassements importants ont été constatés et que la ministre ira jusqu'au bout.
On peut lire une synthèse ici.
Le rapport écrit qu'il "est difficile de tirer des conclusions générales en n’examinant que le type de technologie, tant l’efficacité de fonctionnement des technologies dépend de la stratégie de calibration du moteur donné". Autre révélation : "La stratégie de conception et de calibration des moteurs est donc un des éléments majeurs expliquant les différences d’émissions pour une même technologie. D’autres paramètres comme la durabilité, l’agrément de conduite, la consommation du véhicule entrent également en compte et sont souvent en contradiction".
Traduction : les "experts" découvrent que les constructeurs cherchent éventuellement à rendre leurs voitures désirables pour que des clients puisent les acheter. C'est de l'info, coco !
Toutefois, on relèvera ce passage: "en matière d’émissions de NOx , des véhicules Euro 6 de certains constructeurs ont dépassé plus de dix fois la norme , alors que le test réalisé sur piste, qui ne fait que reproduire le cycle NEDC, parait beaucoup moins exigeant (en terme de
dynamique) que le futur test RDE pour lequel le facteur de conformité sera égal à 2,1 en 2019 pour toutes les voitures particulières.
Pour autant, est-ce qu'il fallait titrer, comme j'ai pu le lire, que "la Commission Royal suspecte d'autres tricheurs" ? Cela me paraît excessif. Je pense que si la commission avait testé des véhicules essence dans les mêmes conditions, elle aurait découvert des écarts entre la théorie et la réalité. L'homologation est tout aussi trompeuse que pour le diesel.
Accessoirement, des politiques - et pas les moindres - ignorent que les moteurs essence à injection directe produisent des particules (d'où le filtre qui va apparaître chez Mercedes et Volkswagen en 2017). Une question totalement passée sous silence. Pourquoi ?
Un mot à présent de l'Allemagne. Après Volkswagen, c'est donc chez BMW que j'étais hier. La firme de Munich a fait part des questions que la presse allemande lui pose sur l'avenir du Diesel. Et elle a répondu sans équivoque : oui, il y a encore un avenir et encore un potentiel. BMW, qui ne réalise que 1 % de ses ventes avec l'électrique, va continuer à développer pendant un bon bout de temps des moteurs thermiques.
Tout en développant en parallèle des moteurs à essence et de l'hybride, la marque à l'hélice continue à optimiser le Diesel. Les moteurs 3 et 4 cylindres intègrent la catalyse SCR et un piège à NOX en plus du filtre à particules. Il y aussi des systèmes EGR (pour la recirculation des gaz) à basse et haute pression.
BMW nous a également présenté ce qu'il appelle le super diesel, avec un turbo à 4 étages, de l'injection à très haute pression (plus de 2500 bar), une pompe à huile pilotée par électronique pour le refroidissement des pistons, ou encore un capteur de fermeture de l'injecteur pour garantir la performance dans le temps. La marque a aussi prévu d'encapsuler totalement le moteur pour le confort acoustique et pour réchauffer plus vite la mécanique (et réduire le CO2).
Les moteurs diesel de dernière génération sont RDE Ready. Ils peuvent donc satisfaire dès maintenant à l'évolution de la norme Euro 6 avec tests sur route (Real Driving Emissions).
Je suis persuadé que les nouvelles règles vont remettre les pendules à l'heure. Et il faut bien préciser que les rodomontades de Ségolène Royal n'y sont absolument pour rien, puisque l'évolution était dans les tuyaux bien avant le scandale VW. Le rapport publié hier était plus l'occasion pour la ministre de se faire entendre à la veille du chassé-croisé.