Avec le sens de la mesure qui les caractérise, mes confrères ont titré il y a quelques mois sur la disparition du moteur diesel. Ils pronostiquent la fin du bloc mazout, sous les coups de boutoir des normes Euro 6 et des zones à faible émission (Low Emission Zones ou ZAPA pour la France) en centre ville, sans parler des projets de taxation pour réduire l'écart avec l'essence. L'affaire est entendue et le diesel va céder la place à l'essence et à l'hybride. Le problème, c'est que ce n'est pas tout à fait l'avis des constructeurs européens et de leurs fournisseurs. Ils vont d'ailleurs s'employer à démontrer le contraire dans le cadre du congrès diesel, organisé par la SIA* à Rouen, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à demain. Pour l'anecdote, on pourra y voir la DS5 Hybrid4 (pas la version présidentielle bien sûr), un clin d'oeil à la voiture officielle du nouveau pensionnaire de l'Elysée, qui se trouve être natif de la région.
Mais, si le congrès se déroule à Rouen, c'est pour une toute autre raison. La région est très impliquée dans le secteur automobile (avec une présence forte de Renault) et abrite par exemple le pôle du Madrillet, très centré sur les développements moteurs, notamment dans le diesel. Par ailleurs, ce coin de Normandie est aussi la patrie du pôle de compétitivité Mov'éo. Pendant ces deux jours, les meilleurs experts vont passer en revue les nouveautés en matière d'injection (types d'injecteurs, pressions plus élevées, injections multiples), de combustion et de post traitement. Le futur du diesel va rimer avec la catalyse SCR, un mode de post traitement qui permet d'éliminer les oxydes d'azote, grâce à un additif (urée). Le procédé va certes augmenter le coût des moteurs diesel (500 € environ et sûrement pas 2000 € comme on a pu le lire), ce qui risque de rendre les moteurs diesel moins compétitifs sur les petits véhicules. Mais, personne ne pronostique pour autant d'effondrement des parts de marché.
Dans le cadre d'une table ronde, qui réunit ce soir des dirigeants de PSA Peugeot Citroën, Renault, Ford, Bosch, Continental et Delphi - et que j'ai l'honneur d'animer - les représentants de l'industrie auront justement à coeur de défendre le diesel. Ils pensent que ce type de motorisation a encore du potentiel pour les 10 à 15 ans à venir. Il est encore possible de gagner en rendement et sur les émissions polluantes, tout en réduisant le bruit et les vibrations. Le diesel devrait toutefois s'électrifier de plus en plus, avec des systèmes comme le Stop & Start (ou d'autres comme le volant d'inertie), voire le full hybrid. C'est une bonne nouvelle pour PSA, qui a déjà vendu en France 2000 voitures équipées de sa technologie Hybrid4, et sans doute un passage obligé pour Renault qui reconnaît ne pas négliger cette option pour le futur.
*SIA : Société des Ingénieurs de l'Automobile