vendredi 22 juin 2012

La France et la mobilité durable à l'heure de Rio + 20 (troisième partie)


Nous poursuivons le tour d'horizon des mesures prises par la France avec ce dernier volet. Pour arriver à une mobilité durable, il ne s'agit pas seulement d'agir sur le véhicule lui même, par des incitations fiscales ou des programmes de recherche, il faut avoir une approche globale sur les usages et sur l'urbanisme. L'Ademe encourage ainsi des opérations exemplaires d’aménagement durable de la ville, dans le cadre du programme « Eco-Cité, ville de demain ». Ces projets visent à développer des services à la mobilité et d'information, ou traitent de thématiques comme la voiture en ville, l'électromobilité, l'auto partage,ou encore le stationnement mutualisé. Ils concernent plusieurs villes françaises (Montpellier, Nice, Nantes, Grenoble, Toulouse et Lille). Un autre projet très prometteur, Optimod' à Lyon consiste à développer un système d'information multimodal pour aider l'usager urbain à mieux utiliser les moyens de transport en fonction de ses besoins.



Mais, le projet le plus emblématique est celui des fameuses ZAPA (Zones d’Actions Prioritaires pour l’Air). Dans leur principe, elles s'inspirent des Low Emission Zones, un dispositif mis en œuvre dans plusieurs villes européennes depuis quelques années. On en dénombre 180 à ce jour. La Suède a été le premier pays européen à expérimenter ce schéma en 1996. D’autres pays européens ont ensuite suivi son exemple comme l’Allemagne et le Royaume-Uni depuis 2008. Les impacts sur la qualité de l’air ne sont pas identiques d’une zone à l’autre mais, dans tous les cas, des réductions sont observées sur les concentrations en particules fines et dioxyde d’azote. Les réductions d’émissions les plus importantes sont celles en particules, jusqu’à 40% en Suède contre 10 % pour le dioxyde d’azote. En outre, la mise en place de ces zones à faibles émissions encourage le développement de modes de transports multimodaux (transports alternatifs au fret, transports en commun, etc.)


En France, les ZAPA concerneront les communes ou groupements de communes de plus de 100 000 habitants où une mauvaise qualité de l’air est avérée. Elles s'inscrivent dans le cadre du Plan Particules et du Grenelle de l'Environnement, qui fixe un objectif de réduction de 30 % des particules fines dans l’air d’ici 2015. En clair, les ZAPA vont limiter la circulation des véhicules qui contribuent le plus à la pollution atmosphérique. Les règles ont été précisées en mai dernier, en notant de 1 à 5 étoiles les catégories de véhicules en fonction de leur âge et de l'énergie. Les villes candidates* doivent maintenant décider de quelle manière elles vont appliquer les ZAPA. A l'exception de Nice, qui vient d'y renoncer (de peur de pénaliser les utilisateurs de véhicules anciens), elles devraient débuter en 2013 et expérimenter une circulation limitée en centre ville pendant une durée de trois ans.
Précisons que les ZAPA seront élargies à toutes les sources de pollution atmosphérique, ce qui permettra de mettre en place des mesures d’amélioration du parc des appareils de chauffage au bois ou d’initier des actions concertées avec les industriels et le secteur agricole.

*Paris, Saint-Denis, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand et Aix-en-Provence