vendredi 15 février 2013

L’infrastructure de charge se met en place, lentement mais sûrement


J’ai assisté à Nice à la seconde édition des Assises Nationales de Charge*, un évènement que je suivais pour le compte d’un de mes clients (EDF pour ne pas le nommer, pour qui je rédige une newsletter sur la mobilité électrique) et qui m’a permis de croiser les acteurs clés de la recharge. Ces assises tombaient à point nommé, au moment où l’Europe fait part de son ambition d’installer 800 000 bornes à l’horizon 2020 - avec un standard, la prise de type 2, qui n'est pas la solution retenue par la France - et au moment où, chez nous, la mission Hirtzman sur le déploiement des infrastructures de charge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables présente un premier bilan d’étape.


 
C’était intéressant de voir Philippe Hirtzman, l’ingénieur des Mines (et président de l’INERIS) désigné par Arnaud Montebourg et Delphine Batho pour coordonner le déploiement des bornes de recharge en France. Ce serviteur de l’Etat n’a pas sa langue dans la poche. Ce que je retiens de nos échanges, c’est qu’un fonds de 50 millions d’euros en principe dédié aux bornes (et qui n’avait pas servi) a été débloqué et qu’il servira à la fois pour les collectivités et le secteur privé (centres commerciaux, restauration…). Autre levier : les opérateurs de l’Etat, les ministères, les préfectures sont obligés d’acheter des véhicules électrifiés au moment du renouvellement du parc (25 %, voire 100 % quand il s’agit de véhicules urbains). De plus, les lieux accueillant du public doivent également investir dans des bornes de recharge avant juillet 2013. L’objectif est d’arriver à 30 000 stations de charge en 2015 et un volume de 150 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables. Des chiffres plus raisonnables par rapport aux promesses de Jean-Louis Borloo…


En ce qui concerne les collectivités, il faut bien distinguer les grands ensembles et les petites villes. Ainsi, on a appris que Paris – qui abrite 500 stations sur les 700 en service d’Autolib’ – voulait faire installer 700 bornes de plus en usage public (et à un tarif attractif) pour inciter à l’usage des véhicules électriques. Autre projet ambitieux : celui de la région Nord Pas de Calais qui se fixe un objectif de 10 000 véhicules en 2015 et de 1250 bornes (dont 17 de recharge rapide). On pourrait citer les cas de Lyon et de Rouen, mais il faut savoir qu’il y a beaucoup de demandes en milieu rural (300 bornes en Indre-et-Loire), avec des départements comme la Vendée et les Deux Sèvres par exemple.


Pour sa part, Nissan continue de fournir des bornes de recharge rapide pour créer des corridors. C’est déjà le cas par exemple en Alsace. A ce jour, plus de 600 stations sont déployées en Europe, dont 140 pour la seule Estonie. Les autres pays en pointe sont les Pays-Bas et le Danemark. En France, il y a un peu plus de 80 bornes (réseau de concessionnaires inclus). Mais, la marque japonaise se fixe un objectif de 500 bornes rapides d’ici 2015 dans l'hexagone.


Et EDF dans tout cela ? En charge de l'acheminement du courant électrique, ERDF anticipe un fort développement du véhicule électrique dans les 10 ans à venir et développe des solutions pour optimiser le réseau. Quant à la direction de la mobilité électrique de l’opérateur national, elle joue un rôle de conseil auprès des collectivités et des entreprises, avec une réflexion qui prend également en compte le véhicule partagé. EDF est notamment impliqué dans Auto Bleue, la vitrine régionale de l'autopartage électrique avec une extension à 210 voitures et 70 stations de charge.

*Organisées par l'AVEM (Association pour l'avenir du Véhicule Electrique Méditerranéen)