On a beaucoup commenté la proposition de la Commission Européenne de développer l'infrastructure de recharge avec un objectif de 800 000 points de charge publics d'ici 2020. C'est évidemment un signe fort pour le développement de la voiture électrique. Mais, la directive sur les carburants de substitution dresse un cadre bien plus large et vise à développer d'autres énergies, dont par exemple le gaz naturel et même l'hydrogène en garantissant l'implantation de stations de remplissage sur l'ensemble du continent. Pour l'Europe, la solution ne se limite pas à un seul carburant.
En ce qui concerne le véhicule électrique, ou électrifié, Bruxelles estime qu'il devrait y avoir 8 à 9 millions de véhicules en circulation d'ici 2020. Cela me paraît très optimiste. Quoi qu'il en soit, la directive fixe un seuil de points de charge à chaque Etat membre de l'Union, avec pour contrainte d'avoir 10 % de bornes ouvertes au public. Le seuil est par exemple de 969 000 points de charge au total dans l'hexagone. L'idée est d'inciter chaque pays des 27 à se doter d'un plan sur l'électrification, comme l'ont déjà fait par exemple la France et l'Allemagne. Au total, l'Europe disposera de 8 millions de points de charge pour un budget de 7,9 milliards d'euros.
Toujours à propos de l'électrique, la Commission a fait le choix de retenir comme standard la prise de type 2 (type Mennekes et d'origine allemande). Un choix ratifié par tous les constructeurs et les Etats membres, à l'exception de la France qui défendait l'exception de la prise 3. D'ici fin 2015, les bornes de charge lente devront donc être compatibles (avec un léger rétrofit que savent faire les fabricants). La date a été repoussée à fin 2017 pour les bornes de charge rapide. L'Europe a choisi la norme Combo 2 (défendue par les constructeurs européens et américains), ce qui fragilise les japonais qui avaient jusqu'ici pris tout le monde de vitesse avec leur norme CHAdeMO.
L'autre nouvelle à retenir est que Bruxelles veut aussi développer l'hydrogène. Et cette fois, la France ne pourra pas y couper. Prenant acte du développement de la technologie de la pile à combustible et de la nécessité absolue d'une infrastructure de ravitaillement - que mettent déjà en place certains pays comme l'Allemagne et la Scandinavie - l'Europe impose des stations tous les 300 km. Le plan prévoit un réseau de 77 points de ravitaillement pour une enveloppe de 123 millions d'euros. De cette façon, on pourra circuler d'un bout à l'autre du continent sans rupture. Les experts prévoient une réduction des coûts au même niveau qu'une voiture essence ou diesel à l'horizon 2025.
Le gaz naturel est l'autre carburant de référence défendu par la Commission. Laquelle fixe un objectif d'une station tous les 150 km pour le gaz naturel comprimé et tous les 400 km pour le gaz naturel liquéfié à destination des poids lourds. Bruxelles précise que le gaz peut être obtenu à partir de déchets ou de la biomasse (bio méthane).
On remarquera au passage que le GPL fait aussi partie du bouquet d'énergies alternatives. A ce jour, on dénombre 28 000 points de ravitaillement et ce carburant alimente 9 millions de voitures en Europe. Toutefois, même si on envisage à l'avenir de le produire à partir de la biomasse, le GPL devrait rester un marché de niche.
La directive prévoit enfin le développement des biocarburants. La Commission souhaite concentrer les aides sur les carburants avancés, obtenus à partir de biomasse ligno-cellulosique, de résidus, de déchets et de biomasse non alimentaire comme par exemple les algues. A l'avenir, il n'y aura pas à choisir entre manger et rouler.
Au final, la directive européenne souhaite créer les conditions d'un développement réel des énergies alternatives, prenant acte du fait que les technologies sont prêtes et qu'il faut les accompagner sur le marché grâce à un réseau de distribution.