Si vous en avez l'occasion, n'hésitez pas à vous rendre au salon du Bourget. Ce salon, qui a lieu tous les deux ans, est le Mondial de l'aviation. C'est intéressant d'y aller, car le monde de l'aéronautique est en général en avance sur celui de l'automobile, et cela permet de sentir les tendances. L'affichage tête haute est par exemple l'une des avancées que l'on doit à l'aéronautique, tout comme les commandes "by wire", visant à remplacer les commandes hydrauliques par des fils électriques. Il y aura peut être aussi des réseaux de communication de type Ethernet (réseau AFDX) pour transmettre plus rapidement des données à l'intérieur du véhicule, en lien avec la sécurité. Mais, sur certains points, c'est l'automobile qui inspire l'aéronautique.
Le meilleur exemple est celui de l'électrification. Safran a ainsi développé avec Honeywell un moteur électrique destiné à équiper la roue avant des avions. L'objectif est de faire du green taxiing. Au lieu de consommer du carburant pour les manoeuvres, c'est avec de l'énergie électrique - produite à bord par une unité auxiliaire - qu'ils pourront se déplacer sur la piste. Le système proposé par la joint venture Honeywell/Safran devrait permettre aux compagnies aériennes de réduire jusqu’à 4% leur consommation totale de carburant, de même que les émissions polluantes générées par le roulage au sol. Ca rappelle évidemment le principe du moteur électrique dans la roue, ou encore l'hybride en mode rechargeable de l'automobile.
Autre exemple, qui s'inspire des travaux de l'automobile : le concept Voltair, développé par EADS Innovation Works, la branche R&D d’Airbus. Cet avion 100 % électrique, qui se projette à l'horizon 2050, fait appel à des batteries lithium-air, intégrées directement dans le fuselage, et qui seraient échangées à chaque escale dans un aéroport. Un nouveau marché pour Better Place ?
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C'était intéressant aussi de voir un avion hybride voler au-dessus du Bourget. Elaboré par Siemens, Diamond Aircraft et EADS, le DA36 E-Star laisse entrevoir l'arrivée d'une technologie permettant de diminuer de 25% la consommation de kérosène et les émissions de CO2 par rapport aux appareils les plus performants actuellement.
L’hélice est entrainée par un moteur électrique développant 70 kW, soit environ 95 chevaux. Un second moteur rotatif Wankel, développé par Auto Engine, est lié à un générateur électrique qui fournit l’électricité nécessaire à la recharge des batteries embarquées.
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Autre similitude avec l'automobile : l'arrivée des biocarburants. L'espace énergies alternatives du salon du Bourget présentait divers carburants d'origine bio.
Total et l'IFP Energies Nouvelles exposaient ainsi des biocarburants très divers, d'origine végétale ou obtenus par synthèse à partir de la biomasse. J'ai aussi vu du jet fuel à base d'algues, à l'étude aussi pour l'auto. C'est d'ailleurs un carburant de ce type qui propulse le ZHEST, le concept d'avion hypersonique d'EADS qui doit mettre Paris à 2h30 de Tokyo en 2050, et qui carbure aussi à l'hydrogène.
Et si vous doutez des passerelles entre l'aéronautique et l'automobile, sachez que le moteur diesel se fraie un chemin sur les petits avions, les hélicoptères et même les drones...