mercredi 10 juin 2020

Tesla et Nikola : les baudruches qui pèsent plus lourd que les mastodontes de l'automobile

Si vous lisez régulièrement ce blog, vous savez sans doute à quel point cela m'énerve de voir comment on valorise Tesla, au même niveau que les Big Three, alors que le constructeur californien produit beaucoup moins de voitures et que rien ne permet d'affirmer qu'il va réussir durablement dans le temps. C'est la magie de Wall Street, où par appât de gain, on gonfle artificiellement le cours de bourse, en pariant sur le développement rapide de l'électrique et de la voiture autonome. La même bulle se créée autour de Nikola Motor, l'équivalent aux USA de Tesla mais pour le camion.

La start-up, créée il y a à peine cinq ans dans l'Utah, et basée en Arizona, est déjà valorisée à plus de 30 milliards de dollars depuis son introduction en Bourse le 4 juin. Alors qu'elle ne commercialise pas encore de camions, sa capitalisation est plus élevée que celle de Fiat-Chrysler et s'approche de celle de Ford.

Les investisseurs semblent croire aux camions électriques que va produire Nikola. La compagnie proposera à la fois des camions à hydrogène et des camions à batteries selon les usages, avec une production qui débutera en 2021. Selon Trevor Milton, le patron de la société, les précommandes représentent plus de 10 milliards de dollars de recettes. Il est vrai que Nikola a su attirer des partenaires dont CNH (groupe né de la fusion de Fiat Industrial et de sa filiale américaine CNH Global) et Bosch notamment. Et l'évolution de la législation donne raison au fabricant, car l'hydrogène va devenir incontournable dans la mobilité lourde. Mais le premier milliard de revenus ne devrait arriver qu'en 2023 et l'usine ne sera en pleine charge qu'en 2028, selon les prévisions.

Pourtant, la société prépare déjà la suite. Nikola vient d'ouvrir les réservations pour son pick-up Badger, disponible en version électrique à batterie ou à pile à combustible. De quoi énerver Tesla, qui voit se profiler un concurrent pour son Cybertruck. Le plus drôle, c'est qu'Elon Musk ne croit pas en la pile à combustible. Or, c'est précisément la technologie qu'il lui faudrait pour son camion (dont on n'entend plus parler). Et l'hydrogène arrivera aussi un jour dans la voiture.