vendredi 5 juin 2020

Monde d'après : pas si simple dans l'auto

Quand je lis les publications sur Facebook, les avis de certains gourous ou les tribunes signées par des stars dans la presse, je ne peux m'empêcher de sourire. Il y a une illusion selon laquelle il faudrait tout changer maintenant et tout peindre en vert. Comme si le coronavirus et le changement climatique étaient liés (je ne crois pas que ce soit le cas). Bien sûr, le confinement a obligé une bonne partie de la planète a s'arrêter et on a pu redécouvrir le plaisir simple du silence et du retour du chant des oiseaux. Mais, est-ce que ça va impacter pour autant la mobilité ?, j'en doute. Et voici pourquoi.

 Dans un avis récent, la Commission Européenne a appelé les constructeurs automobiles à faire un effort pour réduire les émissions de CO2. Tout cela parce que les émissions ont augmenté en 2018 de 2 grammes par rapport à 2017. On connait les raisons. La chute du Diesel, au profit de l'essence, fait mécaniquement remonter la courbe. D'autre part, les consommateurs préfèrent acheter des SUV plutôt que des citadines. Et la part des véhicules à faibles émissions (dont les électriques) n'a été que de 2 % en 2018, contre 1,5 en 2017.

Entre temps, le contexte a changé. Pour respecter le seuil des 95 g par km, qui entre en vigueur cette année, les industriels ont électrifié leur gamme. Les sorties de modèles hybrides rechargeables et zéro émission se multiplient. Mais nul ne sait si les clients vont accepter ce type de mobilité, hormis les entreprises qui s'engagent et les entités (administrations, collectivités) qui sont obligées de le faire.

Le problème est que le secteur automobile est plus réactif que les Etats, qui devraient investir massivement dans l'infrastructure de charge. Faute de quoi, ça ne marchera pas.

Dans une interview au Monde, le patron de Total ne dit pas autre chose. "Il faut que les gouvernements accélèrent sur les bornes de recharge. S’ils ne financent pas les infrastructures sur les longues distances, les clients ne vont pas changer leurs habitudes. Or, les infrastructures vont moins vite que les constructeurs automobiles. Total est prêt à investir, et d’ailleurs il le fait, mais on a besoin de soutiens publics massifs de soutien. Dans les 30 stations que nous avons équipées sur les grands axes, nous avons seulement deux ou trois clients par jour…".

Dans cet entretien, le dirigeant de la major française déclare également qu'il n'y aura pas de "grand soir" et qu'on ne va pas tout changer en 2030. Même si à cette date, "l’Europe et la Chine auront basculé vers le véhicule électrique" selon lui.