mercredi 20 mai 2020

Renault en plein freinage d'urgence

L'actualité de ce mercredi a été marquée par la révélation par Le Canard Enchaîné de la fermeture possible de trois à quatre usines chez Renault, alors qu'un plan d'économies doit être dévoilé le 29 mai. Un dossier épineux sur lequel il m'a été donné d'apporter un éclairage sur l'antenne de RTL ce midi. On sait que la marque au losange va mal et c'était déjà le cas à l'époque de Ghosn. Le fugitif a tenté de faire croire que c'est depuis son arrestation (un complot, évidemment) que les choses se sont dégradées, mais personne n'est dupe. Renault doit se réinventer. Et vite.
Alors que l'entreprise se voit accorder un prêt de 5 milliards par l'Etat, les rumeurs de fermetures d'usines passent mal. Je me souviens du psycho-drame qu'avait été la fermeture de l'usine de Vilvorde en Belgique, du temps de Louis Schweitzer. Alors, si ça doit s'appliquer à Flins... Pour le moment, rien n'est acté. Par contre, on peut imaginer qu'Alpine va passer à la trappe si le site de Dieppe doit fermer. La marque mythique, qui est réapparue sous la houlette de Carlos Tavares (quand il était le numéro 2 de Renault), ne vend pas assez de voitures. Et le contexte actuel du CO2 en France condamne les voitures sportives, sans parler de la répression routière. Seuls les très riches peuvent rouler avec ce genre d'autos, les passionnés étant rebutés par les malus.

En ce qui concerne Flins, l'usine a deux problèmes. Elle produit une Nissan Micra qui se vend moins bien que prévu et une ZOE dont les volumes ne sont pas suffisants. Comme je l'ai expliqué sur RTL, Renault a fait le choix d'un véhicule électrique spécifique sans s'appuyer sur une plateforme qui aurait pu donner naissance à d'autres modèles. C'est à l'inverse de ce que font tous les constructeurs. D'ailleurs, l'alliance a corrigé le tir puisque les prochains modèles auront une plateforme commune à Renault, Nissan et Mitsubishi. Et en France, c'est à Douai que la production est prévue. A Flins, la production de la nouvelle version de ZOE va continuer. Mais pas de façon éternelle. La Twingo électrique va arriver. Mais, elle sera assemblée en Slovénie. L'arrivée d'un modèle low cost électrique chez Dacia l'année prochaine pourrait faire des volumes. Mais on imagine difficilement une production dans l'hexagone. Bref, il y a un problème avec les usines françaises qui assemblent des modèles en perte de vitesse.

Fragilisé par la fuite de son PDG et un management de crise (recoller les morceaux avec Nissan, négos qui ont échoué avec Fiat-Chrysler, relations avec l'Etat), Renault doit tracer sa route. Le nouveau pilote, Luca Di Meo, a réussi à faire de Seat une grande marque avec des produits sympa. C'est ça ce qu'il faut. Sans surprise, le losange va arrêter la Talisman, l'Espace, le Scenic et peut-être même la Mégane. Renault doit à nouveau sortir des produits forts, au lieu de copier Nissan avec un Kadjar insipide.

Le problème, c'est que la maison brûle et que les économies vont affecter également l'ingénierie (trop de monde en R&D au Technocentre). Sacrée entrée en matière pour le nouveau boss.