lundi 11 mai 2020

Déconfinement : et le gagnant est.... la voiture ?

En ce lundi 11 mai, j'ai failli intervenir sur BFM pour parler des conséquences du déconfinement sur les mobilités. On va évoquer le sujet, d'autant qu'une étude exclusive menée par Harris Interactive pour Caradisiac montre que les transports en commun font l’objet d’une défiance grandissante en raison des difficultés d’y faire respecter des règles sanitaires. Evidemment, certains vont dire qu'un sondage commandé pour un site automobile va dans le sens du lobby. Le fait est que c'est ce qui a déjà été observé en Chine à la fin du confinement.

Que nous dit donc cette étude ? Avant le confinement, 49 % des usagers réguliers déclaraient privilégier les transports en commun pour leurs trajets quotidiens. Mais, ils ne sont plus que 38 % à l’envisager dans l’immédiat, soit près d’un quart d’utilisateurs déclarés en moins. Une grande partie ne sont pas convaincus par les efforts annoncés par les opérateurs des transports en commun en matière de nettoyage, désinfection et organisation des flux de passagers. La préférence de cette catégorie de sondés irait à la fois à la voiture (21 %, soit une progression de 4 points de l’usage), à la marche (27 %, + 1 point) et au vélo (9 %, + 5 points).

Si on pose la question à un plus large échantillon de français (pas seulement utilisateurs de transports en commun donc), il apparaît que la voiture est désormais plébiscitée par 59 % des sondés, contre 57 % avant la crise sanitaire. Dans le même temps, le vélo passerait de 4 % à 6 % d’adeptes et la marche de 23 % à 24 %. En revanche, on relève une stagnation des moyens de transports alternatifs que sont les trottinettes électriques (un recul de la demande est même à prévoir pour celles en accès partagé), mais aussi les VTC et taxis, avec 2 % d’usagers quotidiens.

Du coup, la voiture conforte sa place de moyen de transport favori des Français. Voilà qui va faire hurler les écologistes, surtout ceux très mesurés qui pensent que le vélo peut remplacer nos véhicules.  Un plan a été présenté en septembre 2018 pour en développer l'usage, mais le transfert sera forcément limité. De plus, il apparaît par ailleurs que 10 % de ceux qui n’ont pas de véhicule dans leur foyer aujourd’hui (soit 15 % des ménages) envisagent de s’équiper au prochain semestre. Ce chiffre atteint même 11 % chez les usagers réguliers de transports en commun et chez les habitants de zones urbaines ou périurbaines.

Pour leur part, les opérateurs d'autopartage et de covoiturage gardent l'espoir que ces modes seront utilisés par ceux qui n'ont pas les moyens d'avoir un véhicule au quotidien. En attendant, les loueurs classiques (Avis et Budget) ont sacrément souffert de la crise, notamment aux Etats-Unis. Quant au secteur des nouvelles mobilités, il a été très impacté par le confinement. Il risque donc d'y avoir des morts.

Photo : Voiture photo créé par freepik - fr.freepik.com