jeudi 23 mai 2013

La voiture à 2 litres au cent : les détails du programme de recherche

En clôture d’une conférence environnementale, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault avait fixé en septembre dernier un objectif ambitieux aux chercheurs et aux industriels : disposer dans dix ans de véhicules consommant 2 litres d'essence aux 100 km. Son souhait a été formalisé et porté au rang de projet d’intérêt collectif au sein de la PFA (Plateforme de la Filière Automobile » sous le nom « véhicule 2 L/100 km et connecté ».

Dès le mois de décembre, Renault et PSA se sont réunis pour lister les thèmes à explorer, en liaison avec le CRA (conseil de recherche automobile) au sein de la PFA. C'est ainsi qu'une feuille de route opérationnelle a même été dressée autour de briques technologiques fondamentales : l’hybridation des chaînes de traction, le rendement du groupe motopropulseur, l’amélioration du rendement du véhicule par l’allègement et la résistance au roulement des pneumatiques, ainsi que les systèmes d’aides à la conduite pour optimiser la consommation. Cette feuille de route - qui comprend 4 axes et 15 thèmes - réunit les deux constructeurs, les grands équipementiers, les acteurs innovants de la sous-traitance, le CEA et l’IFPEN.
Il est à noter que les PME peuvent s'associer aux projets de recherche. C'est d'ailleurs possible en ligne, directement sur le site de la SIA (Société des Ingénieurs de l'Automobile).
Lien : http://www.sia.fr/vehicule2l100.htm


Le premier axe de travail porte sur les moteurs. En à peine 5 ans, les véhicules commercialisés en Europe ont vu leur consommation baisser de 10 à 15 %. Un résultat qui s’explique par la réduction de la cylindrée (downsizing), la gestion thermique du moteur, la récupération d’énergie au freinage et la généralisation du Stop & Start. Il y a encore de la marge car, selon les experts, des améliorations de 40 à 50 % sont encore possibles. L'objectif des 2 L/100 km est un objectif ambitieux mais réalisable, selon l'IFPEN.


Mais, une telle progression ne pourra se faire qu’avec l’aide de composants électriques. Renault défend par exemple l'idée d'un hybride essence rechargeable "low cost". Sous le nom de code BAMOCO (BAtterie MOdulaire à COnvertisseur intelligent 400 v-12 v), l'idée est de réduire les coûts de développement par la conception d’un module batterie standard (type Lego) avec son électronique de commande et sa connectique. La marque au losange propose aussi de supprimer la batterie au plomb 12 V sur le véhicule électrique.


Il existe toutefois une autre alternative, avec le projet Hybrid Air de PSA (objectif 3 L/100 km dès 2016) s'appuyant par exemple sur l'air comprimé et un système hydraulique.


Le travail sur le moteur seul ne suffira pas. Pour atteindre l’objectif fixé par le chef du gouvernement, il va falloir aussi faire des efforts sur la masse des véhicules. L’IFPEN rappelle qu’une diminution de 100 kg permet une baisse des émissions de CO2 de 5 g par kilomètre. L'idéal serait de descendre à 800, voire 700 kg. C'est le poids par exemple de la Volkswagen XL1, le concept hybride diesel rechargeable qui ne consomme qu'1 litre aux cent. Le programme mise sur l'aluminium économique et les composites.


Au-delà de l’allègement, l’aérodynamique va jouer aussi un rôle pour la réduction de la consommation.


Enfin, le conducteur sera mis à contribution avec les outils incitant à l’éco-conduite. Au-delà des outils classiques, les experts misent sur les technologies de l’information pour optimiser la conso en fonction des données disponibles en ligne et permettant de rendre la conduite plus interactive (horizon électronique,information trafic en temps réel...). Le programme préconise la communication entre véhicules, de même que l'affichage tête haute et une navigation connectée, tenant compte par exemple des zones ZAPA.


Le plus difficile sera d’atteindre cet objectif, tout en préservant les fondamentaux d’un véhicule (ESP, ABS, régulateur de vitesse, direction assistée, climatisation…) et surtout un coût raisonnable. « Si nous la sortions tout de suite, cette voiture serait limitée aux personnes qui ont beaucoup d’argent, avait dit Rémi Bastien, le Directeur de la Recherche, des Études Avancées et des Matériaux de Renault, lors d'une conférence que j'animais pendant le Mondial de l’automobile. Or le progrès n’a de sens que s’il est largement diffusé ».

Conclusion : la voiture à 2 litres au cent est techniquement faisable. Mais, elle ne pas forcément abordable, ni très fun à conduire.