jeudi 10 février 2011

Le rapport sur les carburants du futur met l'accent sur l'électrique et l'hydrogène

Les carburants alternatifs pourraient remplacer progressivement les sources d'énergie fossiles et rendre la mobilité durable d'ici à 2050, tout en respectant l'objectif de réduction des émissions de CO2 de 80 à 95 %, selon un rapport présenté à la Commission européenne par le groupe d'experts* sur les carburants du futur pour les transports. Selon les auteurs, qui ont pour la première fois, élaboré une statégie globale couvrant l'ensemble du secteur des transports, il serait possible de répondre à tous les besoins par une combinaison de la propulsion électrique (batteries et hydrogène/piles à combustible, avec une phase intermédiaire par l'hybride) et de biocarburants comme solutions principales, complétées par les bio-carburants, des carburants de synthèse (issus de sources renouvelables dans une proportion croissante) comme solution intermédiaire et éventuellement le méthane. Le GPL est par contre marginalisé, en tant que produit dérivé du pétrole (même si on évoque un Bio-GPL) et ne devrait pas peser plus de 10 %.



Selon cette vision pour 2050, il est intéressant de noter que les experts ne partagent pas l'optimisme béat pour l'électrique pur. Les auteurs du rapport insistent sur l'autonomie insatisfaisante des batteries et leur coût élevé et préconisent une multiplicité de solutions : hybride rechargeable, prolongateur d'autonomie (REV : range extender vehicle) et piles à combustible pour produire du courant à bord. L'électro-mobilité passera par des technologies de complément à la batterie.


L'hydrogène est vivement encouragé. Le rapport souligne que 400 véhicules roulent actuellement dans le monde, qu'ils ont parcouru 15 millions de km et ont effectué sans problème 80 000 pleins. Les principaux problèmes techniques sont aujourd'hui résolus et le coût - encore élevé aujourd'hui - des piles à combustible va baisser de 90 % d'ici 2020. Le principal problème reste celui de l'infrastructure pour lequel il faut investir 3 à 5 milliards d'euros par an jusqu'en 2020 pour bâtir un réseau. Un effort financier qui serait toutefois moins élevé que pour les bornes de recharge à plus long terme. Dans ces conditions,le marché grand public est envisageable sur la période 2020-2025.


Une autre solution vient des bio carburants. Ils peuvent être utilisés avec les moteurs existants (avec des modifications mineures) et distribués par une infrastructure déjà en place. Le rapport préconise l'éthanol sous sa forme light (E10) ou plus chargée en alcool (E85), ainsi que le bio diesel B7. C'est toutefois l'émergence des carburants de synthèse (issus de sources renouvelables), qui va pouvoir donner un coup de fouet au marché. On pourra ainsi produire du BTL (biomass to liquids), du bio-méthane, mais aussi de l'éthanol ligno-cellulosique à base de déchets, ou encore du carburant à base de graisses animales ou végétales (HVO), sans oublier les algues. Ce ne sont pas les solutions qui manquent.
Ce rapport n'est qu'une base de propositions. Il faut toutefois prendre des décisions dans les 10 ans qui viennent si l'Europe veut avoir une chance d'atteindre les objectifs ambitieux qu'elle s'est fixés.
Lien : http://ec.europa.eu/transport/urban/vehicles/road/clean_transport_systems_en.htm

*Ces experts font partie d'associations et de fédérations qui regroupent très largement les différentes énergies. Les constructeurs sont représentés par l'ACEA et sa branche de R&D Eucar. Il y a même dans le panel Greenpeace et le WWF.