mercredi 8 juillet 2020

Mon tour en MissionH24 sur le circuit du Mans

Surprise ! A l'issue de l'inauguration de la station à hydrogène du Mans, ce matin, l'équipe de GreenGT m'a proposé de faire un tour en MissionH24, le prototype de développement qui sert à préparer l'arrivée de la catégorie aux 24 h du Mans en 2024. Un privilège réservé en principe aux politiques ce jour-là. Le temps d'enfiler une combinaison, des gants et un casque (avec le système Hans qui se fixe sur les épaules), me voici sur la pitlane.



C'est un peu sportif de monter à bord d'une voiture de course où l'habitacle est très exigu. A ma droite, le pilote de développement Olivier Lombard. Il m'explique qu'il y a une procédure de départ. Il appuie sur une touche FCS (Fuel cell systerm) et lance la pile. Au bout de quelques secondes, on entend le bruit du compresseur. C'est comme si on venait de brancher un sèche-cheveux ou un aspirateur. Ensuite, il appuie sur PWT (powertrain). Et nous voilà partis.


Assez vite, la voiture prend de la vitesse. Avec une pile de 250 kW, une batterie et 4 moteurs électriques développant au total 550 kW (l'équivalent de 700 ch), on est dans un vrai bolide. En tant que passager, on subit les G sans pouvoir compenser. On est secoué à chaque virage et je ne peux me cramponner à rien. Pourtant, ça me dirait bien de prendre le volant. Tentant vainement de décrypter les indications sur les écrans (il n'y a pas de compteur avec aiguille, tout est numérique, même le rétro central), je préfère apprécier le sifflement de la machine. On a beau être dans une voiture de course zéro émission, il y a quand même un peu de bruit. Je retrouve le son à l'accélération d'une Tesla ou d'une Porsche Taycan, ou plutôt d'une Formule E. Ca accélère fort. Et ça freine fort aussi (j'avoue avoir passé pas mal de temps à analyser les trajectoires et les points de corde du pilote).

Vivement 2024. En attendant, je suis impatient de récupérer les photos et les images de GoPro.


Bon, un mot de la station quand même. Elle est implantée sur l'aérodrome, juste en face du circuit (à moins d'un km à vol d'oiseau). Elle est opérée par… Total. C'est la première station à hydrogène en France du pétrolier, qui en gère 32 en Europe. Ce point de charge s'inscrit dans le cadre du projet H2OUEST, retenu par l'ADEME. Il servira à alimenter une flotte de bus, des bennes à ordures, ainsi que des voitures (dont la Toyota Mirai acquise par l'Automobile Club de l'Ouest).

Pour le symbole, c'est le prototype MissionH24 qui a eu droit au premier plein d'hydrogène. La station a également alimenté en hydrogène la Mirai de Pierre Fillon (Président de l'ACO) et une Hyundai Nexo conduite par le Directeur Général de Hyundai France, Lionel French Keogh.


Le maire du Mans et Président de la métropole, Stéphane Le Foll, a affiché les ambitions du territoire. Il veut des bus et des bennes à ordures H2 (des discussions sont engagées avec la métropole de Dijon pour faire des commandes groupées). Il a également mis l'accent sur la production d'énergie verte, avec une ferme solaire et un projet de gazéification pour faire du méthane et de l'hydrogène.

Le point fort de cette station, dont les partenaires sont McPhy et Linde, est de délivrer un hydrogène vert. Le carburant sera fourni par la start-up Lhyfe, qui le produira à partir d'un champ d'éoliennes à Bouin (Vendée). L'hydrogène sera ensuite acheminé par camion à pile à combustible.