mercredi 17 octobre 2018

Hyundai Nexo : une voiture à hydrogène qui tombe "pile"

Enfin ! Après une série d'occasions manquées, j'ai pu hier rouler avec la Nexo, qui était la vedette du stand de Hyundai au Mondial de l'Auto. Ce modèle nous a été proposé à l'essai au départ de Paris et pour un périple qui permettait au passage de faire un détour par une station à hydrogène d'Air Liquide dans les Yvelines. La prise en main a été assez courte, mais cela m'a permis de me faire une idée sur le potentiel de ce SUV zéro émission.



D'abord, parlons un peu du design. Sur un marché très confidentiel, où n'existent - pour le moment en attendant l'arrivée du GLC-Fuel Cell de Mercedes - que deux berlines japonaises, le constructeur coréen a fait un effort. Les lignes du Nexo sont plutôt réussies et ce modèle dégage une indéniable impression de modernité.


A l'intérieur, cette impression se confirme aussi. Pour refléter l'époque, Hyundai propose une sellerie cuir "vegan".


Par contre, je ne suis pas très fan de l'immense console centrale. Il y a beaucoup de boutons et on se croirait un peu aux commandes d'un avion de ligne.


L'instrumentation est évidemment numérique. Comme on peut le voir sur la photo, on partait avec une autonomie très confortable de 485 km et un réservoir plein aux deux tiers. La marque est très fière de revendiquer plus de 650 km de rayon selon le cycle WLTP. Elle est même de 666 km, de quoi inspirer les partisans de la théorie du complot. C'est la meilleure performance du marché. La Nexo embarque trois réservoirs d'hydrogène d'une contenance totale de 156,6 litres et qui n'empiètent pas sur le volume du coffre.


Sur le (très) grand écran central, on peut afficher des informations liées à la chaîne de traction. Il vaut mieux sélectionner la fonction recherchée avant de prendre la route et ne pas manipuler l'écran comme j'ai cherché à le faire.


Ces informations peuvent apparaître en plein écran, comme on le voit ci-dessus.


Comme tout véhicule électrique, et sur ce point l'hydrogène n'apporte pas vraiment de différence notable, la Nexo est très agréable. Il n'y a pas un bruit et le confort est vraiment au rendez-vous. Avec 163 ch sous la pédale, la puissance est là si on en a besoin. Ce SUV s'apprécie sans avoir à forcer l'allure.


Par contre, il y a un plus qu'introduit ce modèle. Quand on actionne le clignotant, le tableau de bord fait apparaître l'image de la caméra anti angle-mort. Cela permet d'éviter de mauvaises surprises en changeant de file. C'est une première que je trouve très utile.


A partir du GPS, on peut faire une recherche des stations à hydrogène les plus proches. Bizarrement, la Nexo voulait nous emmener près de Bruxelles, à Zaventem, là où se trouve une station mise à la disposition du public par... Toyota. Mais en fait, notre road-book prévoyait une halte plus commode. Nous sommes allés chez Air Liquide, qui a ouvert une station aux Loges-en-Josas.


Cette dernière a été mise en service pour les bus à hydrogène qui tournent à Versailles. Mais, c'est aussi un point de ravitaillement pour les taxis HYPE de la capitale (Hyundai et Toyota à hydrogène) et pour d'autres véhicules.


Il faut toutefois avoir un sésame, une carte comme celle-ci.


En arrivant à la station, on a donc fait le plein. C'est effectivement assez court et ça se passe exactement comme à une pompe ouverte 24h/24. Par contre, la différence, c'est que le carburant est à 12 euros le kg. Evidemment, le prix est élevé car le marché n'existe pas encore. Mes confrères n'ont pas manqué de pointer le faible nombre de stations. Mais, il y a un plan pour développer l'hydrogène en France et Hyundai fait partie de l'Hydrogen Council qui pousse à la constitution de réseaux de distribution pour soutenir la filière mobilité.


Dans sa communication, Hyundai affirmait au Mondial que sa voiture contribue à purifier l'air. C'est effectivement un argument que la marque défend, en affirmant que l'air qui entre dans la voiture et en ressort est purifié à 99,99 %. Le directeur général de la filiale française, Lionel French-Keogh, a d'ailleurs déclaré que si 10 000 Nexo circulaient pendant 4 h dans la capitale, tout son air serait purifié.


Vous n'y croyez pas ? Alors, regardez ce qui s'affiche quand on coupe le contact. Le tableau de bord indique le nombre de kilo litres purifiés pendant la conduite, ainsi que le nombre de kilos de CO2 économisés. Là aussi, c'est une première.


Au final, j'ai trouvé que ce véhicule était très abouti. Pour l'anecdote, la pile à combustible de Hyundai est si sophistiquée qu'Audi va l'intégrer sur son premier modèle à hydrogène à l'horizon 2020. C'est à ce genre de détail que l'on voit que le constructeur coréen est vraiment un cran au-dessus dans l'hydrogène. Il n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler que c'est lui - et non Toyota - qui a été le premier à sortir un véhicule de série avec une pile à combustible dès 2013.


Voici la fiche de la Nexo. On peut trouver que 72 000 euros c'est cher (il faut retrancher 6 000 euros de bonus écologique, car c'est un véhicule électrique). Mais, il faut regarder aussi le niveau d'équipement. C'est clairement un modèle Premium, avec des fonctions que l'on retrouve sur le très haut de gamme allemand (comme par exemple le stationnement autonome à distance).

Pour résumer, je dirais que Hyundai a voulu frapper un grand coup avec un modèle à hydrogène qui, non seulement, place la barre assez haut en performances environnementales, mais montre au passage que ce constructeur a aussi changé de dimension.

Voir le diaporama.