L'Alliance Renault-Nissan, qui a pris des engagements forts dans le domaine du véhicule électrique, s'agite beaucoup en coulisses pour essayer de favoriser en Europe le développement des bornes de recharge rapide. Elle est sur le point de fédérer plusieurs acteurs, dont d'autres constructeurs (PSA et Mitsubishi par exemple), des fabricants de bornes, des producteurs d'énergie et des enseignes (carburants, restauration rapide, commerce) pour mettre en place un réseau maillé dans les zones urbaines. De la même façon que la filière a réussi à s'entendre sur des standards de charge (label EV Ready chez les constructeurs, ChaDeMo pour la charge rapide), elle pousse aujourd'hui à l'émergence d'un réseau de "quick chargers" compatibles avec toutes les marques de véhicules électriques. Sous le nom de code EV Link, l'objectif est de pouvoir couvrir des zones assez fortement urbanisées avec des bornes de recharge rapide tous les 30 à 50 km, de façon à récupérer en 20 mn 80 % de la charge.
Tout a commencé avec la mise en place d'un réseau de bornes rapides au Portugal, entre Lisbonne et Porto. Grâce à Efacec, qui a fourni ce matériel, Nissan s'est aperçu qu'un maillage de ce type engendrait la confiance des utilisateurs et suscitait de la curiosité. Puis, la marque japonaise a eu des demandes de la part de collectivités et d'entreprises pour avoir des bornes de recharge rapide. Car, il faut le préciser, Nissan a aussi fait développer ses propres bornes de recharge rapide avec des partenaires (dont DBT) et selon une technologie qui lui est propre. C'est ainsi que Nissan entend livrer 400 de ces bornes en Europe. Leur prix est descendu à 10 000 €, un seuil qui peut intéresser un certain nombre d'acteurs comme les parcs de stationnement par exemple.
Il y a en fait une dynamique qui est en train de se créer, essentiellement en Europe du Nord. Les pays les plus "moteurs" sont la Grande-Bretagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la Belgique, mais aussi la Norvège et - plus surprenant - l'Estonie (qui a prévu d'installer 200 bornes de recharge rapide). Hélas, la France est une fois de plus absente de ce type de débat (en tout cas pour l'instant). Un comble de la part d'un pays qui s'est doté d'un livre vert qui donne toutes les clés pour s'équiper. Il y a une attente de la part de certaines enseignes, dont des fast food, pour des bornes où les clients puissent venir recharger rapidement, le temps d'une pause déjeuner. D'autre part, les (encore rares) propriétaires de véhicules électriques ont la particularité d'être très actifs sur les réseaux sociaux. Ainsi, il existe - et notamment aux Pays-Bas - des communautés où on s'échange très vite les tuyaux sur les bornes de recharge. Ce n'est pas encore demain que l'on pourra rouler d'Oslo à Porto avec des bornes tous les 50 km. Mais, il y aura sans doute prochainement des corridors dans certaines zones urbaines, dans l'espoir de favoriser un cercle vertueux et développer ainsi le marché.