lundi 23 novembre 2020

L'hybride rechargeable : un nouveau bouc émissaire ?

Dans une étude qui semble faire du bruit, l'ONG Transport & Environment (T&E) évoque le scandale des hybrides rechargeables et n'hésite pas à faire le parallèle avec le Dieselgate... On croit rêver. Sans doute grisées par l'attention qu'on leur porte, ces associations écolo n'ont visiblement qu'une envie : qu'on passe tous à l'électrique*, et dès demain matin. La fameuse étude ne porte que sur 3 modèles (alors qu'il y en a pléthore sur le marché). Certes, on sait bien que ces véhicules ne sont vertueux que quand leur propriétaire les recharge régulièrement, mais c'est quoi au fond le problème ? 

Ce que dit T& E : à l’occasion de tests effectués par Emissions Analytics, dans des conditions optimales et avec une batterie chargée à plein, la BMW X5, la Volvo XC60 et le Mitsubishi Outlander ont émis entre 28 et 89 % de CO2 de plus que ce qui avait été annoncé. Et avec une batterie vide, ils ont émis trois à huit fois plus de CO2 que les valeurs officielles. Troisième argument : lors d’une conduite en mode recharge de batterie (afin de pouvoir passer en mode électrique dans les zones à faibles émissions), les chiffres seraient alors trois à douze fois supérieurs.

Que va retenir la presse ? Que les PHEV émettent 12 fois plus. Et que vont penser les gens ? Salauds d'industriels, voleurs, menteurs. Pour T & E, "le gouvernement français doit supprimer au plus vite les aides à l’achat des véhicules hybrides et les incitations fiscales pour les véhicules d’entreprises". C'est un faux problème, car les aides sont très limitées. 

Il vaut mieux en effet subventionner des VE avec de la techno chinoise et des matériaux que ramassent à la main les p'tits n'enfants.. Selon Greenpeace, les véhicules électriques ne sont pas la solution miracle. Que dit cette ONG un peu plus connue que T & E ? "Si une voiture électrique impacte deux fois moins le climat que son équivalent essence sur l’ensemble de son cycle de vie, elle émet néanmoins des gaz à effet de serre aux différentes étapes de sa production, en plus d’impacter des écosystèmes lors de l’extraction des minerais permettant de produire les batteries".

Pour ma part, j'en étais resté aux études du Fraunhofer Institute for Systems and Innovation Research (ISI) de Karlsruhe et du Council of Clean Transportation (ICCT). Après avoir compilé les données recueillies sur 104 709 véhicules (c'est un peu plus que 3 modèles....), les deux organismes estiment que le niveau de consommation réel peut être jusqu’à quatre fois supérieur aux valeurs retenues pour l'homologation (moins de 2 l aux 100 km). Tous les journalistes auto savent bien qu'on en retrouve jamais ces chiffres. Les industriels font homologuer leurs modèles en fonction des règles en vigueur. Et le nouveau cycle a été mis au point en concertation avec l'Europe. 

Certes, on peut pointer du doigt le fait que les PHEV sont généralement des 4X4 qui permettent d'échapper au malus et aux taxes sur les véhicules de société. Mais, on est dans un climat malsain où des ONG se sentent investies du pouvoir de faire et défaire. 

Que cela plaise ou non, l'hybride rechargeable répond à un besoin. En octobre, ces modèles ont représenté 6 % du mix de ventes et ont fait davantage que les modèles électriques. Chez certains constructeurs, la part atteint presque 20 %. Elle sera de 50 % chez Volvo par exemple en 2021. A l'heure où tous les constructeurs électrifient leur gamme (avec au choix la micro-hybridation, l'hybridation classique, l'hybridation rechargeable et l'électrique à batterie ou à hydrogène), certains acteurs devraient rester à leur place.

*Et sans trop se poser de questions sur tous les problèmes que ça génère en amont et en aval