mardi 6 décembre 2011

Sécurité routière : des effets d'annonce sans réelle efficicacité


Après le projet LAVIA, j'ai décidé de revenir aujourd'hui sur les autres orientations du Président de la République en matière de sécurité routière. Je passe rapidement sur les 400 radars fixes supplémentaires d'ici à fin 2012 et l'accélération du déploiement des radars mobiles-mobiles qui flashent à partir d'un véhicule en circulation (et dont l'expérimentation se termine en janvier 2012). Chacun a bien compris à quoi servent ces radars, alors que la première cause de mortalité sur les routes est officiellement l'alcool. J'en viens donc à la mesure phare qu'ont relevée tous les médias : l'obligation d'avoir un éthylotest dans les voitures à partir de l'an prochain. Cette mesure, préconisée par la mission parlementaire Jung-Houillon a été retenue car peu coûteuse (le prix d'une paire d'éthylotests est de 1,5 à 2 euros). Le problème est qu'elle sera inefficace. Car, qui peut imaginer deux secondes qu'un conducteur qui a bu va souffler et s'auto-discipliner ?


Pour bien faire, il faudrait à la limite instaurer un système anti-démarrage basé sur un éthylotest électronique. La technologie existe et plusieurs constructeurs (Nissan, Renault, Saab, Volvo) ont déjà planché sur la question. Mais, plutôt que de vouloir rendre obligatoire ce système, comme on en prête l'intention au ministre de l'Intérieur, la solution intelligente, exprimée par le Dr Charles Mercier-Guyon, un des experts de la Prévention Routière, serait d'inciter cet équipement chez les loueurs et les assureurs, ainsi que par le monde de l'entreprise. De toute façon, il faut l'accord de l'Europe. Ce ne sera donc pas prêt pour mai 2012.


Empêtré par sa promesse intenable d'arriver à moins de 3 000 tués sur les routes (on est à 4000, ce qui est déjà bien, mais c'est sans doute un chiffre palier), le président de la République cherche à améliorer son bilan coûte que coûte. Et pour cela, il semble ne connaître que la sanction et la menace. Mais, plutôt que de consulter les excellents conseillers en charge de la sécurité routière (ceux qui ignoraient tout des avertisseurs de radars) et les associations d'ayatollahs*, il vaudrait mieux engager une action de fond, portant sur l'infrastructure, la formation. Autrement dit, écouter davantage 40 millions d'automobilistes et L'Automobile Club. Mais, pourquoi demander leur avis à ceux qui connaissent le sujet, quand on a sous la main tant d'incapables ?

*Je suis même étonné de voir que leur proposition antédiluvienne de bridage des moteurs n'a pas été retenue.