C'est un coup dur pour les fans de la marque, et plus globalement pour l'industrie suédoise. Alors que Volvo est passé sous le contrôle des chinois (avec Geely), Saab - qui semblait prendre le même chemin - a finalement été déclaré en faillite et va donc disparaître. La mort d'un constructeur est toujours une tragédie, surtout quand la marque en question a marqué de son empreinte la planète automobile. Et en ce qui concerne Saab, on gardera toujours en mémoire le lien avec l'aéronautique, par le design, les performances (ah, les versions Aero...) et surtout les innovations. Voici un petit rappel de l'héritage du constructeur suédois.
Quand j'ai débuté dans ce métier, on m'a toujours dit "S comme Saab et sécurité". Et pour cause : dès 1962, toutes les Saab se voient d'office équipées de ceintures de sécurité. La marque inventera également l'allumage automatique des phares (1969), les pare-chocs auto-réparateurs (1971), la protection contre l'impact latéral (1972), le filtre à pollen (1978), les plaquettes de frein sans amiante (1983), l'air conditionné sans CFC (1992), ou encore les appuis-têtes actifs SAHR* (1996) qui empêchent le coup du lapin en cas de choc par l'arrière.
De par son expérience dans l'aéronautique, Saab a aussi exploré des univers parallèles entre l'automobile et l'avion. Qui se rappelle du "joystick project", dont l'objectif était d'appliquer au véhicule la technologie by wire ? L'idée était de remplacer le volant par un manche à balai. Un concept un peu trop novateur
En revanche, une autre idée dérivée de l'aéronautique a été reprise avec succès. On doit par exemple à Saab la fonction "black panel" (qui depuis son apparition à la fin des années 90 a été rebaptisée plus récemment "night panel"). Très pratique pour la conduite de nuit, elle consiste à limiter l'affichage aux seules fonctions essentielles (compteur de vitesse, alertes). On l'active d'un seuil appui sur un bouton au tableau de bord. Les fonctions comme la radio restent opérationnelles, tout comme la climatisation). Mais, elles ne viennent pas perturber le conducteur, dont l'attention se reporter sur la route.
Voir la vidéo :
Bien sûr, Saab a intégré également l'affichage tête haute. Mais, en matière d'ergonomie, la marque a aussi innové avec la plateforme multimédia iQon, dévoilée au dernier salon de Genève sur la PhoeniX.
Basée sur Android, celle-ci devait permettre d'avoir accès à des services tels que la météo, la musique en ligne avec Spotify, les réseaux sociaux avec Facebook, mais aussi des infos sur le véhicule, grâce aux capteurs embarqués qui relèvent les données à travers 500 points de contacts dans le véhicule. Saab voulait jouer la carte des applications pour smartphones dans la voiture avec la plateforme iQon. Dommage...
En 2012, la nouvelle 9-3 devait bénéficier du système eXWD développé conjointement par Saab et AAM (American Axle Manufacturing) qui ont fondé la joint venture e-AMM Driveline Systems AB. Le concept ? Une transmission intégrale intelligente, alimentée par un moteur électrique et reliée à un moteur à essence. Le système eXWD devait proposer trois modes de fonctionnement : Eco, qui délivre du couple pour soulager le moteur thermique, réduisant consommation et rejet de CO2 ; Sport, qui dose un couple puissant pour équilibrer le châssis en conduite soutenue ; et Traction qui entre en jeu en cas de perte de motricité du train avant, sur terrain glissant ou au démarrage. Le système eXWD s’intègre complètement aux systèmes électroniques qui gèrent l’accélérateur, le châssis et le freinage. Il devait notamment se distinguer par ce qu'on appelle le torque vectoring (on augmenter le couple sur la roue arrière extérieure au virage pour ajouter au véhicule une rotation que les roues directrices ne peuvent offrir, augmentant ainsi considérablement l'agilité sur routes sinueuses.
Juste pour le plaisir, je propose la vidéo de la PhoeniX, un concept car qui résume bien l'approche que privilégiait Saab pour négocier l'avenir. Un document qui appartient désormais au passé.
*Saab Active Head Restraint