J'ai fait le test de la nouvelle DS9 en Champagne-Ardenne : une escapade qui a permis de prendre en main la grande berline haut de gamme du groupe PSA (on dit Stellantis maintenant) et de pouvoir échanger avec la patronne de DS Automobiles, Béatrice Foucher. Mais, d'abord quelques mots sur ce modèle, disponible à la commande et qui n'arrivera qu'à l'automne dans les show-rooms.
La DS9 a été conçue en France, mais elle se destine à la Chine et elle est produite là-bas. Le constructeur semble avoir un peu de mal à l'assumer (comme Citroën avec la C5X). Sinon, le design est plutôt réussi. Autant je ne suis pas très fan du DS7, là je dois dire que je trouve élégante cette berline.
Comme on pouvait s'y attendre, c'est un concentré de technologie. Entre le Drive Assist, la suspension qui anticipe les cahots de la route détectés par caméra, la vision de nuit et la détection de fatigue (une caméra infrarouge qui fixe les paupières), on a une panoplie assez complète d'aides à la conduite.
Venons-en donc aux motorisations. La DS9 en propose 3 : une thermique (Pure Tech de 225 ch) et deux hybrides rechargeables (225 ch et 360 ch avec 4 roues motrices). Nous avons eu une discussion avec Béatrice Foucher sur l'évolution rapide de l'électrification. Convaincue depuis des années que le Diesel allait baisser (elle était avant chez Renault, où elle s'occupait de l'électrique), elle est surprise de voir à quelle vitesse l'électrique et l'hybride rechargeable progressent dans les immats. Pour DS, la part des modèles LEV (low emission vehicles) était de 30 %, avec une moyenne de 83 g par km en 2020. Elle est de 37 % depuis le début de l'année.
je pense avoir compris que la marque passerait sans doute dans un avenir pas si lointain à du zéro émission. "2030, c'est loin", a souri Béatrice Foucher, en répondant que c'était "une bonne question".
Quoi qu'il en soit, DS ne manque pas une occasion de faire le lien avec la Formule E. Un exemplaire de la monoplace était exposée sur le parvis de l'hôtel où se déroulaient les essais. Normal, DS Techeetah eu deux titres de champion du monde et le pilote Jean-Eric Vergne fait figure d'ambassadeur. Renault fait aussi beaucoup de com' autour de la F1. Néanmoins, le lien serait bien réel, si l'on en croit Béatrice Foucher. Elle m'a confié que Thomas Chevaucher, le nouveau patron de DS Performance, était à son comité de direction. Il y joue un rôle actif et permet de faire le lien entre la compétition et la série. Soit. Peugeot joue aussi cette carte entre Le Mans et la 508 PSE. D'ailleurs, j'ai retrouvé sur cet essai Jean-Philippe Delaire, un expert de l'hybridation chez PSA qui a piloté le développement de la PSE et qui a travaillé aussi sur la DS9 4X4 e-Tense de 360 ch.
Cette version, que j'ai pu essayer, associe deux moteurs électriques (110 et 200 ch) dont l'un sur l'essieu arrière. Elle est plutôt jouissive à conduire avec une accélération de 5,7 s de 0 à 100 km/h et une vitesse de pointe de 250 km/h. Pour être honnête, vu les conditions de circulation en France, la version plug in de 225 ch (et la future à venir de 250 ch) fera déjà largement l'affaire. Néanmoins, elle devrait plaire en Allemagne et pour ceux qui veulent se faire plaisir. A l'oeil nu, on ne distingue pas la différence par rapport à une DS9 hybride classique. Elle est un peu plus basse, a des étriers de frein différents et une autre montre de pneu, ainsi que des jantes spécifiques. En mode sport, ça décoiffe. Quant au prix, 69 400 euros, il pique aussi.
Et s'il fallait trouver un autre motif de rapprochement avec la Formule E, DS Automobiles a confié qu'une application serait bientôt disponible sur la DS9. Elle permettra de donner un feed back sur la récupération d'énergie (amplifiée par un mode Brake) lors des freinages. C'est un dérivé de la compétition qui pourrait être proposé sous forme de mise à jour, si j'ai bien compris. En tout cas, la grande berline de DS n'a pas besoin d'un V8 pour s'acheter une conduite (très confortable par ailleurs), elle mise plutôt sur les électrons. "Une version de 360 ch, ce n'est pas excessif et c'est la juste mesure", m'a encore dit Béatrice Foucher.