jeudi 6 août 2020

Techno Honda hybride : de la F1 à la route

J’ai assisté cet après-midi à une présentation en ligne (via le logiciel Zoom) de Honda sur le lien entre la Formule 1 et la technologie hybride pour les véhicules de série. Nous n'étions que deux journalistes pour la France. Une telle invitation ne se refuse pas, d'autant que c'était aussi l'occasion d'échanger avec quelques pilotes d'écuries équipées de ce moteur, dont le très prometteur Max Verstappen qui court chez Red Bull.



Pour ceux qui ne suivent pas la F1, la marque japonaise a remporté 75 grands prix en 29 ans de présence sur les circuits et à couronné plusieurs pilotes dont Senna et Prost. On a donc parlé d'électrification, un thème devenu crucial en compétition et qui concerne au premier chef les constructeurs.

Honda a d'ailleurs rappelé en préambule que 100 % de la gamme serait électrifiée (électrique ou hybride) dès 2022.


A travers des schémas, on nous a montré quelles étaient les similitudes et différences entre la Jazz hybride et le moteur de Formule 1 des Red Bull. Globalement, c'est un peu la même chose, si ce que sur une monoplace, le générateur et le moteur électrique sont remplacées par deux systèmes qui ont pour nom MGU-H et MGU-K.
Le MGU-K est un moteur électrique connecté au moteur thermique. Lors des freinages, il sert à récupérer l’énergie au freinage. Ce moteur peut fonctionner en mode propulseur ou en mode générateur. Le MGU-H est un moteur électrique qui permet de relancer le turbo à bas régime et sans délai de réponse.

Sur la Jazz hybride, le système privilégie l’efficacité énergétique (consommer moins, avec un mode privilégiant à plus de 80 % l'électrique en ville), alors qu'en F1, on vise la performance.


Pour Toyoharu Tanabe, le patron de Honda Racing F1, le transfert pour la technologie hybride se fait deja entre la Formule 1 et la voiture de série. Sous forme de logiciels: les ingénieurs de liste coopèrent avec ceux qui font les voitures de production.


A ce propos, voyons ce qu'en pensent les pilotes. Le français Pierre Gasly qui court pour Alpha Tauri m’a confié qu’il adore la NSX (supercar hybride qu’il a comme voiture de fonction) qu’il trouve très performante. Il y est d’autant plus sensible que son idole, Ayrton Senna, a participé à la mise au point du modèle de première génération. Il serait d'ailleurs honoré de faire la même chose pour un futur modèle. Sinon, il considère que la F1 doit donner l'exemple. En tant que pilote, il adore le bruit des moteurs mais il n'est pas insensible à l'environnement.


Par contre, ce n'est pas trop le cas du pilote star de Red Bull, Max Verstappen. Je lui a posé une question sur la Formule E. Il suit le championnat car il a des amis qui y sont mais il n’a pas envie de voir la F1 devenir électrique. Il considère que le moteur c'est ce qui permet d'avoir des sensations et donc du plaisir.


Mais, il y a au moins un pilote de F1 qui aime l’électrique : Alex Albon de Red Bull a adoré conduire la Honda e, qu'il a trouvé performante en accélération. Il l’a essayée à Goodwood. Au ton de sa voix, et par son sourire, j'ai senti qu'il était sincère.


j'ai pu aussi échanger avec le pilote Daniil Kyvat de l’écurie Alpha Tauri. Il estime que la Russie n’est pas encore prête pour la voiture électrique, faute de bornes et parce que les gens prêtent les grosses voitures. Pour sa part, il serait prêt à considérer une voiture électrique en ville.


En conclusion, une immersion plutôt sympa dans le monde de la F1. Les japonais ne sont pas très bavards, mais j'ai quand même appris deux ou trois choses et ça m'a permis de dialoguer avec des pilotes, ce qui n'arrive pas si souvent.