lundi 16 janvier 2023

Marier l'auto et le train : bonne idée ou lubie ?

Réinventer la Micheline sur les petites lignes désertées, en utilisant un utilitaire électrique capable de rouler à la fois sur la route et sur les rails grâce à une roue mixte (inspirée des premiers autorails) : tel est le concept de la Ferromobile. Et derrière ce projet, on retrouve l'ancien ministre de l'Economie et du Redressement Productif, Arnaud Montebourg. 

Il est en effet le Président de la SICEF (Société d’Ingénierie, de Construction et d’Exploitation de la Ferromobile) qui a été créée en janvier 2021. Dans l'équipe, il y également des experts du groupe d'ingénierie Akka Technologies (qui porte en fait ce projet sous le nom Flexmove), ainsi que des anciens de l'automobile. Le CTO est passé par PSA et l'institut Vedecom. Et l'entreprise est conseillée par Luc Marbach, ancien DG de ce même organisme et actuel Président de la SIA (Société des Ingénieurs de l'Automobile). 

Précisons que le projet a obtenu 10 millions d'euros de la part de France Relance. Flexmove est un consortium composé d’AKKA Technologies, Alstom, Systra, l’Université Gustave Eiffel, Entropy, et de la Région Occitanie. La Ferromobile roule d'ailleurs en test dans l'Aude, sur une ligne reliant Limoux à Quillan. 

L'objectif est de proposer une navette flexible, à propulsion électrique, au même prix qu'un billet de TER. Et avec une fréquence de 5 mn aux heures de pointe, sachant que le service serait disponible 24h/24 et 7 jours sur 7. La Ferromobile peut embarquer 8 personnes maximum et roule en mode autonome sur les rails (il faut par contre en prendre le volant sur la route). Elle ne partage pas de voies avec le train. Ce projet, qui s'appuie autour d'une plateforme d'exploitation ayant recours à de l'IA, propose de créer des hubs dans des sites délaissés par le transport ferroviaire.

La SICEF participe au Grand Prix ACF Autotech, dont le lauréat sera connu le 20 avril. 

Toutefois, il y a d'autres acteurs qui travaillent sur le sujet. C'est le cas par exemple de Milla Group, qui conçoit des navettes autonomes. La société a été choisie par la SNCF avec Michelin et Railenium, pour co-concevoir et produire la première navette rail-route à destination des petites lignes ferroviaires, Flexy. "C'est une solution 100% électrique permettant d’emprunter à la fois les petites lignes ferroviaires et les petites routes pour relier les communes rurales entre elles, et faciliter leur accès aux gares et au train", commente le Président de l'entreprise, Frédéric Mathis.

" C’est dès 2024 qu’un premier exemplaire circulera sur une ligne pilote en région", explique David Borot, Directeur des Programmes d’innovation Mobilités émergente et Directeur également de Tech4Mobility (T4M : un programme de la Direction Technologies, Innovation et Projets Groupe de la SNCF, dont la vocation est de tester de nouvelles solutions de mobilité collectives et partagées destinées en priorité aux territoires peu denses (ruraux et diffus). 

Il ne faut pas oublier non plus Taxrirail, qui est situé à Plusquellec dans les Côtes d'Armor. La société a conçu un mini train autonome dans le cadre d'un projet labellisé par le pôle de compétitivité I-TRANS. On notera que le train reprend la forme d'une navette autonome. Son équipe est composée d’experts reconnus en provenance d’Alstom, SNCF, Thales, Safran, MAN trucks & buses, RATP, Dassault…

Ce train se veut à la fois écologique (motorisation hybride GNV/électrique ou H2), flexible (transport à la demande, platooning), sûr et confortable (grâce à des essieux actifs). Il devrait effectuer ses premiers tours de roues cette année sur une voie ferrée du complexe industriel de Port-Jérôme en Normandie.

Derrière ce projet, on retrouve Régis Coat. Président d'Exid Concept et Développement, ce passionné d'innovation a par exemple planché sur le Taxicol : un projet de véhicule modulaire électrique entre taxi, tramway et bus hybride.