mardi 6 novembre 2018

L'urgence sanitaire : un prétexte fallacieux pour défendre les taxes sur le carburant

Les politiques racontent n'importe quoi sur l'automobile en général et la pollution en particulier. Je ne sais pas si c'est par naïveté, incompétence ou aveuglement total - l'un n'empêche pas l'autre - mais ce que j'ai entendu ces derniers temps pour justifier le maintien des taxes sur les carburants me laisse pantois. Frapper les gens les plus modestes au portefeuille serait donc bon pour la planète. Salauds de pauvres, on vous interdit de rouler au Diesel. En d'autres temps, on aurait sans doute dit à ceux qui ne peuvent pas acheter du pain de prendre de la brioche, le véhicule électrique ou hybride rechargeable étant plus cher et donc hors de portée pour la plupart des français.
Si la prime de conversion a trouvé son public, avec effectivement la mise à la casse de vieux Diesel, ou de vieux véhicules essence, je constate que la part de l'électrique reste scotchée à 1,3 % du marché sur les véhicules neufs. Un tel échec récurrent mérite à tout le moins le prix Nobel.

Le fait est que la diabolisation du Diesel (36 % en octobre) se traduit par un transfert en faveur de l'essence. Et c'est là que ça se corse : on favorise des véhicules qui émettent plus de CO2 et donc vont à l'encontre des objectifs de l'Accord de Paris. La France est un pays de génies.

Pourtant, le Diesel récent se montre plus vertueux (mais là, chut : silence de la grande presse). Selon des données publiées par l’Acea (Association des constructeurs européens d’automobiles), il s'avère que les modèles les plus récents et satisfaisant à la norme Euro6d-TEMP, ont obtenu des résultats bien en-dessous du seuil du test d’émissions de NOx en conditions réelles de conduite, qui s’applique à tous les nouveaux types de voitures depuis septembre 2017. De plus, la plupart de ces véhicules présentent déjà des résultats en-dessous du seuil d’émissions de NOx plus strict qui sera obligatoire à partir de janvier 2020. Ces données concernent 270 véhicules. Bien entendu, ces chiffres sont contestés, car ils sont publiés par le lobby de l'auto. Vampires, assassins ! Ben non, ce sont les résultats publiés en fait par les autorités nationales en charge de l'homologation à qui la réglementation Européenne interdit d'avoir quelque lien que ce soit avec les constructeurs. Précisons que les tests en conditions réelles de conduite mesurent les principaux polluants, tels que les NOx et les particules.

"Ces nouvelles données prouvent que les voitures diesel modernes, encouragées par les politiques de renouvellement de flottes et associées à des motorisations alternatives, vont jouer un rôle important pour aider les villes à atteindre leurs objectifs de qualité de l’air. Parallèlement, les véhicules diesel vont rester importants pour réduire les émissions de CO2 à court et moyen termes, même si tous les constructeurs développent leur offre de voitures à recharge électrique", explique le secrétaire général de l’Acea Erik Jonnaert. Il vaut mieux taire ces vérités gênantes. Pas de retour en arrière, donc. 

Pour défendre les taxes, qui vont encore lourdement s'accentuer dans les années qui viennent, j'entends dire qu'il y a une urgence sanitaire. Ah ? La qualité de l'air serait donc de pire en pire ? Pas de chance, c'est le contraire. Une étude récente d'Airparif met en évidence une perception paranoïaque de la part des parisiens, alors que la situation est meilleure qu'ils ne le pensent. "Le bilan de l'année 2017 confirme la tendance générale à l’amélioration constatée depuis plusieurs années en Île-de-France", peut-on lire par ailleurs sur le site. "Néanmoins, cette diminution reste insuffisante et 5 polluants dépassent toujours les normes, à des degrés divers : le dioxyde d’azote (NO2), les particules (PM10 et PM2,5), l’ozone (O3) et le benzène (C6H6). L’essentiel des dépassements est constaté dans l’agglomération parisienne et le long de la circulation", ajoute Airparif. En vérité, on a baissé les seuils et on regarde aujourd'hui plus de polluants qu'avant.

Conclusion : au nom de la transition énergétique, et pour une parfaite inefficacité (sauf sur un plan fiscal), on va donc continuer à faire les poches à ceux qui n'ont pas les moyens de rouler en électrique (et qui d'ailleurs ne le feraient pas même s'ils les avaient), en se privant de solutions techniques disponibles au nom de la bien-pensance. Brillant, quand même...