mercredi 11 juillet 2018

5G : une solution prometteuse pour la voiture connectée et autonome

Hier, je me suis rendu sur le circuit de Montlhéry, près de Paris, à l'invitation de la 5GAA, qui réunit les acteurs de l'automobile et des représentants de la téléphonie. L'association, qui se réunit 4 fois par an, en différents endroits du monde, a voulu profiter d'un meeting à Paris pour présenter aux médias l'apport de la 5G en termes de sécurité. Et disons le, c'est autrement plus intéressant que le lavage de cerveau autour du 80 km/h.




Si la 5G Automotive Association compte près d'une centaine de membres, avec du beau monde chez les constructeurs (Audi, Daimler, Honda, Jaguar Land Rover, Nissan, Volkswagen, Volvo), les démos organisées hier ont été proposées par trois d'entre eux (PSA, BMW et Ford), avec le concours de Qualcomm. 6 cas d'usage ont été présentés.


J'y reviendrai, mais d'abord, il faut apporter une précision de taille sur ce qu'est la technologie C-V2X. Ce terme désigne une communication entre le véhicule et son environnement* à travers une communication de type cellulaire. C'est en fait la première brique du réseau 5G. Avant même que le réseau ne soit déployé par les opérateurs, grâce à une puce dédiée, et embarquée à bord, il sera possible d'échanger des données pour éviter des accidents.


La communication se fait sur une bande de fréquence libre (5,9 Ghz), et avec une portée d'1,4 km. Et le grand intérêt, c'est une latence de 10 millisecondes, qui autorise du quasi temps réel.


Les démos sur l'autodrome de Montlhéry ont permis de montrer ainsi quelques cas de figure très pratiques. Le premier concerne l'alerte en cas de freinage d'urgence. Si une voiture équipée de la puce plantent les freins, celles qui suivent en sont informées en amont, même si le véhicule en question est caché par un autre. Un message sur le tableau de bord invite à freiner.


Dans le même style, on peut aussi prévenir des accidents à l'approche d'une intersection. Exemple, vous voulez tourner à gauche, mais vous n'avez pas vu arriver de face un autre véhicule (caché par celui que vous suivez). Là encore, le message s'affiche à temps pour éviter la collision.


Et c'est encore plus probant quand vous vous engagez sur une route, avec un obstacle qui masque la visibilité et vous empêche de voir si quelqu'un vient de la droite. En l'occurrence, ici, un scooter qui était lui aussi connecté.


Si la mention d'un véhicule arrêté sur le côté (et hors de visibilité) peut éviter les mauvaises surprises, c'est encore plus fort quand le tableau de bord vous prévient de la traversée d'un piéton (détecté par la puce dans son téléphone).


Il y a eu ensuite de façon plus classique l'information sur les feux tricolores (passage au vert ou au rouge), grâce à une puce placée sur l'appareil. Un service très utile mais qui dépend de la volonté des villes de partager ou non ce genre d'infos.


Au-delà des démos pratiques, l'intérêt de la matinée était de pouvoir échanger avec les représentants de Qualcomm, BMW, Ford et PSA. Alors que deux standards sont en lice pour équiper l'infrastructure, le Wi-Fi (ITS G5) et le C-V2X basé sur la 5G), bon nombre d'acteurs préfèrent la seconde solution. Et ils commenceront le déploiement en Chine, dès 2020**. Ce pays a fait son choix et il pourrait impacter le reste du monde.


Et à quand le C-V2X en Europe ? Le groupe PSA prévoit l'intégration d'une puce en 2022, en fonction de sa stratégie en matière d'architecture électronique et de sortie de nouveaux produits. On sent chez les acteurs, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, l'envie de laisser faire le marché et de ne pas imposer une technologie en particulier. Le message qui a été délivré hier est que, même si le déploiement du réseau 5G met 10 ans, on peut démarrer dès maintenant pour des applications de sécurité. Plus tard, quand le réseau sera au moins en partie là, il sera possible aussi de télécharger des mises à jour de soft (en passant près de chez un concessionnaire), de la cartographie ou de tout autre service. La 5G servira aussi pour la voiture autonome.


En tout cas, chez PSA, on croit à la force de l'écosystème. Comme des grands noms de la téléphonie (BlackBerry, Huawei, Samsung, plus des opérateurs comme Orange, AT&T et NTTDoCoMo...) sont présents dans l'association 5GAA, non seulement le C-V2X sera en natif sur les smartphones, mais il y aura sans doute plus d'attrait pour investir dans l'équipement des villes et de certains axes.

Mais encore une fois, l'industrie automobile est divisée. Et à ce jour, rien n'est encore acté.

Voir le diaporama.

*Les autres véhicules (V2V), l'infrastructure (V2I), mais aussi les piétons (V2P) et même le réseau de téléphonie mobile (V2N).
**Le pays a prévu une roadmap, avec 50 % des véhicules vendus en Chine qui devront être équipés en 2025 et des phases intermédiaires avant.