mercredi 20 septembre 2017

Assises de la Mobilité : une consultation en vue de 2030

Comme certains de mes confrères, et tout comme des représentants de fédérations de l'automobile (CCFA, CSIAM, PFA), j'ai pu assister hier aux Assises de la Mobilité, organisées par le ministère de l'Ecologie et de la transition solidaire. C'était le coup d'envoi d'une consultation qui va durer trois mois, et qui va donner lieu à une loi d'orientation sur les mobilités, qui sera présentée en 2018 et qui a pour but de préparer notre quotidien en 2030. En tant que journaliste qui suit l'évolution de l'auto depuis près de 30 ans, et qui a compris très tôt que l'intermodalité était un point de passage obligé, j'étais très curieux de voir comment un tel événement allait se dérouler.



Pour tout dire, le programme a été assez léger pour cette plénière de lancement. Néanmoins, le discours du Premier Ministre, Edouard Philippe, a été remarquable. L'ancien maire du Havre a fait preuve d'humour et a raconté une anecdote que j'ignorais. Il a rappelé que le 10 août 1557, les Espagnols ont triomphé des Français, à Saint-Quentin (Aisne), mais que l'absence de route a empêché aux troupes Ibères de marcher sur Paris.

Par la suite, après avoir rendu hommage au génie Français pour les autoroutes et le TGV, Edouard Philippe a justifié l'arrêt des grands projets d'infrastructures (10 milliards d'euros). Il a expliqué qu'il fallait savoir se poser des questions, et réfléchir aux services dont auraient besoin les Français, dans 10, 20 ou 30 ans. Autrement dit, c'est le début des emmerdes pour les sociétés d'autoroutes et la SNCF, habituées aux financements sans trop de contreparties.

Désormais, on pense avant de bétonner et de dépenser à fonds perdus. Et pour cela, le gouvernement compte sur le concours des spécialistes et des citoyens. Le Premier Ministre, qui veut révolutionner le quotidien de la mobilité, compte sur le numérique. Une façon de contourner une réalité très Française : 40 % du territoire ne dispose pas de transports en commun...


Au passage, on a appris qu'un certain Philippe Duron a été nommé Président du Conseil d’orientation des infrastructures, un organisme mis en place pour préparer la future loi de programmation et de financement des infrastructures. Cet ancien Président du Conseil régional de Basse-Normandie et ancien maire de Caen, qui a présidé l'ancien comité Mobilité 21 pour le compte du précédent gouvernement, a surtout dirigé l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF).


Par la suite, la conférence a été très inégale : animatrice pas au niveau, sociologue (Bruno Marzloff) fatigué, et quelques intervenants (Florence Gilbert, la Président de Wimoov, Thierry Happe, du forum Netexplo) qui ont titré leur épingle du jeu. Il faut aussi reconnaître au Président de l'ADEME, Bruno Léchevin, le mérite d'avoir géré une panne de courant qui l'a privé de micro, et surtout d'avoir proféré une pique à l'encontre d'Anne Hidalgo, qui doit voir au-delà de Paris quand elle prend ses mesures contre la voiture. Une saillie qui a fait marrer une bonne partie de la salle.


L'auditoire a aussi apprécié le discours d'Elisabeth Borne, la ministre en charge des Transports. Pas idéologue pour un sou, connaissant ses dossiers, elle a fait preuve d'un pragmatisme très encourageant. Elle a affirmé que les Assises de la Mobilité iraient partout en régions, et pas seulement dans les grandes villes. Mme Borne veut profiter de ces Assises pour approfondir plusieurs ruptures technologiques dans les mobilités : le véhicule autonome et connecté, le big data, l'intelligence artificielle, les blockchains... Enfin, un discours du XXIème siècle.

Mme Borne a été très active ces dernier temps, avec le lancement d'une consultation pour affiner la stratégie en matière de véhicule autonome, et une visite au salon de Francfort pour lancer une coopération Franco-Allemande sur le sujet.

Reste à voir quels sont les "experts" qui vont constituer les 6 groupes de travail, pour en revenir aux Assises*. Avec un peu de chance, on va éviter l'affrontement stérile "tout voiture" contre "tout transport en commun et le vélo". Rappelons à ce sujet qu'une étude de l'IFOP, présentée dans l'après-midi, pointait la nécessité de pouvoir faire de l'intermodalité avec un seul ticket. L'heure est assurément à la combinaison de plusieurs mode de transports, grâce aux applications.

D'ici 2030, ce sera probablement la norme.

*Ils sont consacrés à l'environnement, le numérique, les fractures sociales et territoriales, l'intermodalité, la sécurité et sûreté, la gouvernance et le financement.