Nicolas Hulot et Elisabeth Borne ont présenté hier matin les engagements de l’Etat en faveur de la mobilité propre et de la qualité de l’air. Ces annonces devraient figurer au menu de la future LOM (Loi d'Orientation sur les Mobilités), qui se fait attendre. Il a été question de l'auto, de mobilité partagée, mais aussi de poids-lourds et de transports en commun propres. Pour ce qui concerne les voitures, il n'y a rien de bien nouveau, à part la sévérisation du malus (dont le seuil de déclenchement passera de 120 g à 117 g dès 2019), qui servira à compenser le bonus, qui reste à 6 000 euros pour les véhicules électriques (dont ceux à pile à combustible), et jusqu'à 10 000 euros dans le cadre de la prime de conversion.
"Le dispositif du bonus/malus est essentiel pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés : il nous faut de la visibilité dans le temps en maintenant dans la durée un niveau très soutenu de bonus pour les véhicules électriques, et en l’étendant aux véhicules hybrides rechargeables, a commenté Luc Chatel en tant que Président de la PFA (Plateforme de la Filière Automobile et Mobilités. Et nous resterons très vigilant à ce que les malus restent dimensionnés au plus juste pour couvrir les bonus, sans en faire un nouvel impôt qui freinerait le renouvellement du parc de véhicules par un renchérissement du coût des voitures neuves, bien moins polluantes que les anciennes !", avance le porte-voix de l'industrie auto française.
En ce qui concerne l'électrique, il a été rappelé que l'Etat veut multiplier par 5 les ventes (à peine 1,3 % aujourd'hui) et le nombre de points de charge* (jusqu'à 100 000). Cette annonce avait été faite en mai, lors du contrat de filière automobile 2018/2022.
Là encore, la PFA a souhaité réagir. "Nous devons d’ailleurs aller plus loin avec des mesures que nous avons déjà évoquées avec l’Etat et qui seraient de nature à garder le cap de l’ambition : je pense, par exemple, à la revalorisation du barème kilométrique pour les véhicules électriques, à la modulation des avantages en nature pour l’équipement des professionnels en véhicules électriques", a dit Luc Chatel.
Nicolas Hulot n'a pas manqué non plus de rappeler que l'hydrogène était encouragé (avec notamment un plan de déploiement de 100 stations d'ici 2023, chiffre annoncé dans le plan du 1er juin). Il en est de même pour le gaz (bio GNV), puisque 100 stations seront implantées dans les 4 ans à venir. Ces deux énergies adresseront surtout dans un premier temps les utilitaires, les poids lourds (l'Etat veut multiplier par 15 d'ici 2025 les ventes de camions plus propres) et les bus.
En revanche, l'Etat compte sur les collectivités pour faire évoluer la mobilité. Il souhaite ainsi multiplier les ZFE (Zones à Faibles Emissions) pour encourager la diminution de la pollution, en particulier dans les 15 territoires où les normes sur les NOx et les particules sont au-dessus des seuils légaux (situation qui vaut à la France d'être poursuivie par l'Europe). Un contrat sera signé avec ces territoires (et d'autres qui le souhaitent), le 8 octobre prochain. Ce sont les collectivités qui décideront du périmètre et du calendrier pour l'interdiction de certaines classes de véhicules en fonction de leur motorisation. Elles seront aussi encouragées à favoriser le covoiturage (avec des voies réservées) et à développer l'information pour aider les usagers à choisir les meilleurs de modes de transport. L'Etat souhaite également que les territoires mettent en place le péage inversé (pratique qui consiste à récompenser ceux qui ne prennent pas leur voiture pour réduire la congestion).
"La place faite au rôle majeur des collectivités est une satisfaction, commente encore Luc Chatel pour la PFA. Cela doit se traduire par un vrai partenariat entre l’Etat, les collectivités et la filière automobile", souligne-t-il.
On peut noter qu'il y a la volonté de donner un coup de pouce au covoiturage (mise en place d'une plateforme numérique, remboursement par les employeurs des frais) et à l'autopartage. Un plan prévoit par ailleurs de faire passer la part du vélo de 2,7 à 9 % d'ici 2024.
Pour autant, il n'y a pas dans ce plan de révolution. Et en quelque sorte, l'Etat se décharge sur les collectivités qui héritent de la patate chaude pour se fâcher avec leurs électeurs, à propos des restrictions de circulation.
*Avec une prise en charge financière du raccordement des bornes de recharge, qui passera de 40 à 75 %. L'Etat veut installer des bornes sur les autoroutes et les routes nationales, simplifier le droit à la prise et financer les bornes privées ouvertes au public par le biais des certificats d'économie d'énergie.