L'objectif assigné à cette task force est d'alimenter le plan produit avec des concepts en rupture ou des projets clés en mains au moins tous les deux ans. Les experts du LCI travaillent sur des projets courts, de 18 à 24 mois. Ils abordent les sujets de façon transverse. Par exemple : comment concilier le design avec une voiture à ultra basse consommation. C'est ainsi qu'est né le concept Eolab, la fameuse voiture à 1 L/100 km dont j'ai déjà beaucoup parlé.
Lors de notre visite, nous avons même eu droit au "reveal" d'un concept car. Nom de code : Value Up. Faute d'avoir pu shooter ce véhicule, qui concrétise la vision d'un véhicule low cost pour le futur, j'ai trouvé sur le site d'AutoExpress un visuel qui s'en rapproche. La forme est très fidèle. Mais, le concept est de couleur blanche et adopte des solutions déjà vues sur la BMW i3 (portes antagonistes, surface vitrées qui convergent vers l'arrière). La seule différence, et elle est de taille, c'est que Renault compte utiliser du bambou. C'est un matériau bio, et qui en plus améliore la résistance aux crash tests. Il y en a à l'extérieur (bas de portières) et à l'intérieur (contreportes, cockpit, plancher). La Value Up fait 830 kg et adopte une motorisation hybride plug in.
A l'intérieur (cette vue s'en rapproche un peu), l'ambiance est lumineuse. L'esprit est celui de la cabine d'hélicoptère. Mais, on peut voir sans être vu, avec des panneaux inspirés des moucharabiehs. Un autre détail m'a intrigué : un appuie-tête transparent. Mais, le point fort, c'est une planche de bord entièrement tactile. Renaut veut en fait proposer deux énormes tablettes (15,9 pouces chacune), placées côte à côte et permettant au conducteur et au passager de disposer de leur propre univers numérique. La connectivité est une demande forte et j'ai vu quelles sont les possibilités, avec des widgets et des blocs de contenus que l'on peut faire passer d'un écran à l'autre.
Précisons que le LCI travaille aussi sur des questions comme l'avenir de la livraison en ville à un horizon de 10 ans. Et à chaque fois, les idées sont testées sur des clients.
Venons-en à présent à une autre dimension, celle de l'innovation participative. Renault, qui a la chance d'avoir une antenne à la Silicon Valley dans le cadre de l'alliance, a mis également en place une communauté d'innovation. C'est un club qui réunit des équipementiers de l'auto (Bosch, Michelin, Solvay, Valeo, Visteon), mais aussi des partenaires extérieurs (Total, Safran, La Poste, le BIPE...). Mais il y a aussi en parallèle une démarche "Creative People". A travers le Creative Lab, l'idée est d'inciter des salariés de différents horizons de venir participer à des projets communs en dehors de leur sphère classique. Les créatifs, les penseurs et les "makers" peuvent ainsi développer des projets, qui vont de l'application pour smartphone à des idées plus en rupture. Le Twizy de livraison à 6 roues (avec une remorque) en est une illustration.
Une "innovation room" avec des expos thématiques permet aux salariés du Technocentre de s'imprégner de ce qui se fait dans des univers différents (jeu, téléphonie, déco). Une façon de découvrir les technologies et d'aiguiser la curiosité. Toutes ces initiatives ont pour but de faire changer la culture interne et de penser "en dehors de la boîte", comme on dit en anglais.
Mais, encore faut-il que les idées soient à un moment avalisées par la direction !
Dans un prochain post, je reviendrai sur d'autres innovations qui méritent le détour.