Comme cela était attendu, malgré plusieurs reports, le gouvernement allemand a finalement présenté sa stratégie nationale dans l'hydrogène. Et la comparaison est cruelle. Le pays prévoit une enveloppe globale de 9 milliards d'euros, dont 7 milliards pour développer le marché intérieur et 2 milliards visant à conclure des partenariats internationaux. "Pour des raisons de compétitivité" et surtout pour atteindre ses "objectifs climatiques", l'Allemagne veut devenir "numéro 1" dans l'hydrogène durable, a affirmé le ministre de l'Économie Peter Altmaier. Rappelons qu'en France, du temps de Nicolas Hulot en 2018, 500 millions étaient prévus sur 5 ans. Et au bout du compte, il y en à peine 50 pour cette année au budget de l'ADEME.
L'Allemagne a fait le choix de l'hydrogène vert. Elle vise donc des capacités de production par électrolyse à près de 5 gigawatts d'ici 2030 et 10 gigawatts d'ici 2040. Le gouvernement veut également "verdir" l'hydrogène utilisé par les industriels allemands qui ont pour le moment recours massivement à de l'hydrogène issu d'hydrocarbures.
3,6 milliards vont être consacrés aux véhicules à pile à combustible, dont 2,1 milliards d'aides. Un autre axe du projet concerne le développement des réseaux de distribution. Actuellement, le programme mené par H2 Mobility Deutschland prévoit de proposer 400 stations d'ici 2023. Il en existe déjà une centaine. L'hydrogène cible en priorité les bus et les poids-lourds dans le transport.
La recherche est également favorisée, avec une campagne visant à promouvoir des technologies pour 2030. Les coopérations seront renforcées.
En comparaison, l'hydrogène est soutenu mollement en France. Pourtant, Mobilité Hydrogène France, le groupe dédié à la mobilité au sein de l’AFHYPAC, veut y croire. Il a d'ailleurs salué la place faite à l’hydrogène dans le Plan de relance automobile annoncé par le Président de la République, le 26 mai dernier. Et pourtant, ce mot est très peu cité. Le plan n'est "que la partie émergée des travaux en cours avec les autorités, pour que le potentiel de l’hydrogène dans la transition énergétique des transports et dans la constitution d’une chaîne de valeur stratégique européenne soit pleinement exploité", explique Mobilité Hydrogène France.
Ainsi, "la question du nombre de stations notamment a été traitée dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie : l’objectif de 100 stations en 2023, issu du plan gouvernemental de 2018, a été réaffirmé, et il devrait être dépassé dans les faits". 160 projets adressant tous les secteurs (mobilité, énergie, industrie) ont en effet été déposés en réponse à l’Appel à Manifestation d’Intérêt hydrogène publié le 27 janvier dernier par le gouvernement.
Les discussions se poursuivent, aussi, pour lever certains verrous réglementaires notamment et faciliter la production à grande échelle d’hydrogène décarboné – en ligne, à nouveau, avec les démarches engagées au niveau européen, précise encore le groupe.
Comme au foot, pourtant, on a l'impression que ce sont encore les allemands qui vont gagner à la fin.