jeudi 14 juin 2018

Niveau 4 : Volkswagen précise son calendrier

A l'occasion du Cebit de Hanovre, et à l'issue de cet événement lors d'un échange, j'ai pu m'entretenir avec Johann Jungwirth, le patron du digital au sein du groupe Volkswagen. J'étais ravi de revoir "JJ" que j'ai rencontré pour la première fois à Paris, il y a deux ans. Cet expert passé par la Silicon Valley (Daimler, Apple) a entamé un vaste chantier de transformation qui se met en place. Et il est soutenu par le nouveau patron du groupe VW, Herbert Diess. Il joue aussi un rôle dans le développement du véhicule autonome. Un thème qui était d'ailleurs mis en avant au Cebit.




VW a en effet dévoilé une nouvelle version de SEDRIC (Self Driving Car), la fameuse navette autonome révélée pour la première fois il y a deux ans. Je vais d'ailleurs avoir le privilège de monter à bord en mode dynamique ce jeudi, sur une piste d'essai de la marque.


Un peu plus tard, JJ a eu l'occasion de préciser un peu le calendrier. Il nous a aussi donné un mode d'emploi pour décrypter sa vision du niveau 4. Johann Jungwirth a rappelé que ce fameux niveau, qui permet de qualifier la voiture d'autonome, ne s'applique que dans certains cas d'usage. Une voiture de niveau 4 n'est pas tout le temps autonome. Elle peut l'être sur autoroute, éventuellement en ville (dans une zone délimitée par exemple). Mais, encore une fois, elle n'est pas en permanence en mode autonome avec des occupants qui ne seraient que passifs.

Et pour enfoncer le clou, JJ nous a dit aussi que la navette du type SEDRIC n'est pas du niveau 5, mais bien du niveau 4. Explication : même s'il n'y a ni volant ni pédales (ce qui pourrait aussi s'appliquer à un véhicule particulier de niveau 4), ce véhicule de transport partagé ne peut pas non plus rouler en mode autonome, en toutes circonstances et par tous les temps.

Pour mieux nuancer le propos, Johann parle de niveau 4 - (quand le véhicule part se garer tout seul sans personne à bord, mais sous le contrôle à distance du conducteur) et de niveau 4 ou 4 + pour des fonctions automatisées plus évoluées.


Vous suivez toujours ? Bien. JJ pense que le marché va démarrer par les Etats-Unis, où la législation est plus souple dans certains Etats. Dans les 6 mois à venir, VW va ainsi déployer 25 e-Golf de niveau 4 dans la Silicon Valley pour des tests*. L'objectif est de déployer ensuite des services de transport à la demande avec SEDRIC dans 5 villes des Etats-Unis entre 2021 et 2023.

La Chine sera le second pays pour la mise en place de ce type de services. Le calendrier va de 2022 à 2025. Le pays est demandeur pour des véhicules comme SEDRIC.


L'Europe ne viendra que plus tard, sans doute après 2025. Cela n'empêchera pas les marques de lancer des fonctions d'automatisation sur des véhicules particuliers. On pouvait voir sur le stand de VW au Cebit le concept Audi Elaine de niveau 4, sachant que je vous parlais hier de la famille ID avec différents produits qui vont progressivement s'automatiser.

La grande force d'un groupe comme Volkswagen est d'être mondial, avec des compétences réparties sur la planète. Ainsi, le groupe dispose d'un Data Lab à Munich, d'un Code Lab à San Francisco et d'un Smart Production Lab à Wolfsburg. Et il compte 12 000 spécialistes de l'IT. En matière d'AI, il travaille avec des partenaires dont la start-up Aurora et fait aussi des choses en interne.

*Interrogé sur l'accident d'Uber, que les médias citent toujours en exemple, JJ a estimé que l'erreur étant de n'avoir qu'une seule personne à bord. Chez VW, ainsi que chez les autres constructeurs, il y a deux personnes à bord (l'une derrière le volant, l'autre sur le siège passager, avec une qualification similaire et qui surveillent ce qui se passe). Il s'est dit déçu par de tels manquements, en appelant à plus de rigueur pour les tests.