Hier, dans le cadre d'une conférence de presse qu'elle animait en présence de ses homologues de Londres (Sadiq Khan) et de Séoul (Won-soon Park), et tant que Présidente du C40*, la Maire de Paris Anne Hidalgo a levé le voile sur un système souhaité par les trois villes et qui permettra de noter les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes en usage réel. Une initiative destinée à donner aux citoyens le moyen de connaître le véritable impact environnemental des véhicules qu’ils achètent et qu’ils conduisent. Le nom de code est Air'volution.
Cette information fiable et transparente des émissions réelles sera fournie par l’International Council on Clean Transportation (ICCT) et Emissions Analytics. Ce dernier acteur a mis au point EQUA Index, un index gratuit qui se base sur des tests réalisés en conditions de conduite réelle. Il est déjà utilisé par la ville de Londres. Le site web recense déjà des données sur plus de 70 000 véhicules. Les deux structures vont travailler ensemble, en utilisant des télécapteurs et des équipements de suivi des émissions. La base de données devrait être mise en ligne en fin d'année.
Anne Hidalgo a annoncé que ce programme sera soutenu par la Fédération Internationale Automobile, Bloomberg Philanthropies et le Fonds Anita Bekenstein. D’autres villes membres du C40, parmi lesquelles Madrid, Mexico, Milan, Oslo et Tokyo, se sont jointes au projet pour créer ce système de notation mondial précis et accessible à tous.
Et que dit le "lobby automobile" ? Par la voix du CCFA, les constructeurs automobiles français soutiennent l’expérimentation du C40 visant à mieux évaluer la contribution du trafic routier aux émissions de polluants dans l’air. Ils vont contribuer à ces travaux en fournissant leur expertise technique en matière d’émissions de polluants des véhicules et de leurs mesures. Les constructeurs préconisent que les travaux du C40 soient guidés par un souci d’harmonisation au plan mondial afin de favoriser la diffusion des nouvelles technologies. Le CCFA rappelle par ailleurs, qu’au regard de la diversité des sources d’émissions de polluants dans l’air, la lutte efficace contre la pollution de l’air passera par une mobilisation de tous les leviers de progrès dans l’ensemble des secteurs d’activités contributeurs, au-delà de l’automobile.
L'industrie automobile a tout intérêt à dialoguer avec les villes. En juillet 2015, Paris a été la première ville de France à créer une zone de circulation restreinte pour les véhicules les plus polluants. Les interdictions de circuler sont appliquées progressivement jusqu’en 2020. Londres va créer d’ici septembre 2020 la première zone d’émissions ultra faibles au monde. À partir d’octobre 2017, les véhicules qui circulent dans le centre de Londres devront ainsi respecter le seuil d’émission de gaz d’échappement ou s’acquitter d’une somme de 10 livres sterling au titre de l’ « Emissions Surcharge » (appelé également T-Charge). Quant à Séoul, elle applique depuis mars une zone de circulation restreinte dans le centre-ville. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un plan municipal pour restreindre les émissions carbones de 40 % d’ici à 2030.
Deux précisions de taille. Le communiqué de la ville de Paris évoque les "émissions réelles de particules polluantes". Je pense qu'il voulait dire les oxydes d'azote qui n'ont rien à voir avec les particules. Par ailleurs, la zone de circulation restreinte à Séoul qui est citée en exemple ne concerne que les vieux Diesel et pas tous les Diesel.
*Le C40 Cities Climate Leadership Group est une organisation qui vise à lutter contre le dérèglement climatique.