dimanche 6 décembre 2020

Ces marques qui arrêtent le sport auto pour faire des véhicules électriques

Le départ programmé de deux constructeurs qui ont décidé de quitter la Formule E n'est pas passé inaperçu. Que n'ai-je lu sur l'échec de cette discipline, son anonymat et son peu d'intérêt sportif... je note d'ailleurs que la terre ne s'est pas arrêtée de tourner quand Renault s'est retiré à l'époque de la Formule E. Pourtant, il ne me semble pas que ces départ menacent ce championnat du monde qui vient justement d'être reconnu par la FIA (Fédération Internationale du Sport Automobile). Il y a par contre une vraie réflexion de fond chez certains constructeurs, qui ont décidé de délaisser les circuits pour privilégier leur stratégie pour la grande série. 

Si on analyse le départ d’Audi et BMW, programmé à la fin de 2021, à l'issue de la saison 7 de Formule E, chaque marque a ses raisons. Audi souhaite revenir en endurance et notamment aux 24h du Mans. La marque aux anneaux va également s’engager au Dakar en 2022 avec un buggy électrifié. Précisons qu’au sein du groupe Volkswagen, Porsche reste engagé en Formule E. Quant à BMW, il n’a pas encore dit ce qu’il comptait faire en compétition (il n'est pas exclu que la firme à l'hélice s'engage au Mans pour la future catégorie hydrogène). La marque préfère mettre les moyens dans la production de véhicules électrifiés, avec un objectif de 7 millions d’ici 2030. C’est pour les mêmes raisons que Honda a décidé d’ailleurs de se retirer de... la Formule 1.

Plus récemment, c'est Volkswagen qui a annoncé l'arrêt de ses activités en compétition automobile. En conséquence, les équipes (169 salariés) vont être intégrés dans les effectifs de la maison-mère. "L’expertise technique des employés de la division sport automobile et le savoir-faire acquis lors du projet de l’ID.R resteront au sein de l’entreprise et nous aideront à améliorer l’efficacité des futurs modèles de la famille ID", explique le Dr Frank Welsch, membre du Directoire en charge de la Division Développement. 

Puisque la voiture électrique va devenir "mainstream" avec des modèles dans la gamme de chaque constructeur, la présence dans un championnat faisant appel à la batterie peut effectivement se poser. Après les monoplaces, c'est au tour du rallye de s'électrifier, en attendant le DTM et d'autres catégories encore. Cela représente autant d'opportunités pour les constructeurs de faire de l'image. Mais ce qui importe aujourd'hui, c'est de gagner la bataille commerciale. 

Pour un Volkswagen, qui fait un pari à plus de 70 milliards dans l'électromobilité, on comprend qu'il n'y a plus de place pour des engagements en sport auto. Mais toute cette expérience (avec les records de Romain Dumas à bord de l'ID-R) des équipes spécialisées peut effectivement bénéficier à la série. 

La bonne question, c'est qu'est-ce que vont faire les autres ? En Formule E, des marques comme Mercedes, Jaguar et Nissan côtoient des nouveaux-venus comme Nio et des constructeurs exotiques comme Mahindra (à qui appartient SsangYong). La marque DS du groupe PSA a pour l'instant bien rentabilisé son investissement puisqu'elle a remporté deux titres de champion du monde. Mais, quelle sera la stratégie sur la durée ? Et est-ce que FCA ne sera pas tenté à travers une de ses marques (Maserati ?, Alfa ?) de prendre la place de DS dans le cadre du groupe Stellantis ?

De la même façon que l'électromobilité rebat les cartes sur le marché, avec un Tesla qui a pu trouver sa place dans le Premium, elle va forcément impacter le monde de la compétition. Et peut-être que de nouvelles catégories sur l'hydrogène vont favoriser le retour de certaines marques.