mercredi 19 décembre 2018

Le jour où l'Europe a tué son industrie automobile

C'est encore pire que prévu. A la surprise générale, les Etats-membres de l'Europe et le Parlement Européen ont réussi à trouver un accord pour la réduction du CO2 en Europe. Celle-ci sera de - 37,5 %, alors que l'industrie automobile plaidait pour une baisse limitée à 30 % (et déjà jugée très ambitieuse). Cela n'aura aucun effet sur le climat, vu que la plupart des pays qui ont ratifié l'accord de Paris s'en contrefoutent royalement, mais par contre cela va juste rendre les voitures hors de prix, sauf pour les bobos. Au nom de la protection de l'environnement (c'est ce qu'elle croit), l'Europe vient en fait d'offrir aux chinois sur un plateau d'argent l'une de ses industries de pointe. A Pékin, ils doivent bien rigoler.
Pourquoi je dis tout ça ? Simple. Pour atteindre ces objectifs, que l'ACEA qualifie de "totalement irréalistes", il va falloir vendre beaucoup de voitures électriques et rechargeables. Des voitures dont la technologie est surtout maîtrisée par les asiatiques (batteries, composants des moteurs, matériaux dont le lithium). Et de toute façon, les chinois n'ont qu'à attendre, bientôt ils vont pouvoir racheter à la pelle des marques automobiles qui s'exposent à des amendes pour cause de CO2.

Dans le monde politique, il y a quand même beaucoup de naïfs qui croient - ou font semblant de croire - qu'il suffit de fabriquer des véhicules électriques pour que les clients achètent. C'est pour cela d'ailleurs que le marché plafonne à 1 % en France. Et ils croient aussi qu'il suffit de reconvertir des usines qui font des moteurs pour faire à la place des moteurs électriques et que tout cela fera des beaux emplois liés à la croissance verte. Ca, c'est le monde de Oui Oui. Ce sont les mêmes qui croient que l'Europe peut rattraper le retard pris sur les batteries. Les pauvres...

Un jour, les politiques devront expliquer à des dizaines de milliers de gens pourquoi ils ont perdu leur boulot. On leur expliquera que c'est pour le bien de l'humanité et qu'ils devraient monte une start-up pour livrer du quinoa en vélo électrique. Qu'importe si le désordre climatique ne vient pas de chez nous. L'Europe a bien le droit de croire qu'elle va impressionner le reste du monde, en prenant des mesures radicales. Je crois que le reste du monde s'en moque. Et que, si une convergence se dessine effectivement au niveau mondial pour abaisser les émissions, il ne faut pas oublier que les véhicules sont in fine achetés par des clients (pas des fonctionnaires européens payés 12 000 euros par mois).

Si on fait des bagnoles à 80 000 euros propres de chez propre, personne ne les achètera. Une idée reçue et très tenace consiste à faire croire que les voitures propres coûtent moins cher. C'est tout l'inverse. Et je prédis qu'on va voir réapparaître l'équivalent des gilets jaunes, mais cette fois à l'échelle de l'Europe, car la mobilité sera un luxe pour les riches. Les autres n'auront qu'à marcher ou faire du vélo (il y a aussi beaucoup de cons...ultants qui croient ça, et que les médias parisiens s'arrachent). En voulant faire un caprice de riche - faire semblant de régler le réchauffement climatique en demandant l'impossible aux constructeurs automobiles - les pays européens ont fait une grave erreur. Ceux qui n'ont pas d'industrie automobile s'en foutent d'ailleurs. Ceux qui en ont encore une pourront la regarder mourir ou se faire racheter.

En France, le mouvement des gilets jaunes a ouverte les yeux des pouvoirs publics sur certaines dérives. C'est une erreur que de vouloir aller trop vite, trop fort, et sans tenir compte de l'avis de ces pauvres couillons d'automobilistes. L'Europe l'apprendra un jour à ses dépens.

En attendant, elle a sans doute tué une bonne partie de son industrie automobile. Bravo, la technocratie.