mercredi 23 décembre 2009

La France prépare les biocarburants de seconde génération



Voilà au moins un domaine où la France n'est pas en retard. Même si l'Allemagne est en avance sur nous, notre pays a la chance d'avoir à la fois de la matière première et de la matière grise pour faire avancer le dossier des agrocarburants (c'est un terme qui passe mieux que biocarburants auprès des écologistes). L'actualité vient du fait que le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) et ses partenaires, dont Air Liquide et Choren, viennent de lancer la première phase d'un projet visant à produire des biocarburants de seconde génération. Le site de Bure-Saudron, à la lisière de la Haute-Marne et de la Meuse, va produire à partir de 2011 ce qu'on appelle du BTL : Biomass To Liquids.
Ce site pilote va permettre de tester l'ensemble de la filière, depuis la collecte de biomasse jusqu'à la production de carburants (en passant par la gazéification et la conversion en carburant synthétique par le procédé Fischer-Tropsch). L'usine produira 23 000 tonnes de carburants, dont du biodiesel, du kérosène et du naphta. Précisons au passage que l'ajout d'hydrogène, pour l'amélioration du rendement lors de la conversion de la biomasse, constitue une première mondiale dans ce projet.




Il convient de rappeler que le projet Futurol, qui porte lui sur du bio-éthanol de seconde génération, avait été lancé fin 2008. Le projet est porté par le pôle de compétitivité IAR (Industrie et Agro-Ressources) en Champagne-Ardennes avec le concours notamment de l'INRA, de l'IFP et de Total. L'objectif est de passer du sucre de la betterave et de la graine des céréales à la plante entière pour fabriquer des carburants. On extrait la cellulose de la plante et on utilise des enzymes, d'où le nom d'éthanol ligno-cellulosique. A surface équivalente, on produira plus d'essence verte, sans impact sur l'alimentation. L'objectif est de produire 180 000 tonnes de bio-éthanol par an sur le site de Bazancourt (Marne) et de commercialiser ce produit en 2015, date à laquelle le marché sera prêt à absorber ce carburant.
La France, qui a devancé la directive européenne (5,75 % de biocarburants dans les carburants en 2010) et qui a décidé de porter ce chiffre à 7 %, a certes fait des erreurs (filière désastreuse de l'éthanol E85), mais elle est dans le bon wagon pour les biocarburants de seconde génération.